Refuge climatique
2086. Le vent. La brume. Le souffle. Et soudain. Trois vagues scélérates déferlent sur la côte. Quelques dizaines de mètres de haut. L'alerte avait été donnée et les pêcheurs et promeneurs s'étaient éloignés. Nous. Depuis longtemps, nous n'habitons plus le littoral. Nous nous sommes reculés de plusieurs dizaines de kilomètres emportant avec nous la mémoire des lieux et les maisons de nos aïeux.
2026. Des étudiants en architecture étaient venus acculturer nos grands-parents au risque. Leurs propositions leur ont paru tellement farfelues et décalées mais heureusement nos grands-parents y ont été sensibles et petit à petit ont déménagé leurs lieux d'habitations. Au début la communauté s'est rassemblée autour de refuges. Point d'étape de nos territoires. Rassemblement au frais les jours d'été, veillées nocturnes aux tempêtes hivernales. Construits avec peu, en observant ce qu'il y avait à disposition dans nos champs, forêts, marais, ils s'harmonisent au paysage et sont toujours là. Bien sûr cela demande un entretien permanent mais c'est souvent l'occasion de rassemblement festif. Nous ramassons alors des algues, coupons le chaume, le roseau, le hêtre et le bambou, les tressons et refixons. Parfois nous les déplaçons quelque peu au gré des aléas.
Le refuge climatique comme typologie. Comme prétexte à un récit d'anticipation délibérément pensé en hétérotopie. Topos le lieu. Héteros autre. L'appellation est à comprendre selon celle de Michel Foucault, cet autre lieu serait pour lui un principe de localisation physique de l’utopie !
À vous de construire des refuges climatiques heureux !
Tel des Refuges des temps contemporains de la ressource du Vivant.
En référence à l'ouvrage d'architecture du vivant justement. Lo―TEK design by Radical Indigenism de Julia Watson.