Projet S7

ATELIER DE PROJET S7-S9

CHERBOURG - ADAPTER UNE ZONE CRITIQUE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Équipe pédagogique :

Antoine Barjon, Mathieu Mercuriali, Maya Nemeta (TPCAU)

Corinne Tiry-Ono (VT), Emma Filipponi (HCA), Jean-Marc L’Anton (VT)

Andrea Gritti, architecte et professeur au Politecnico de Milan (POLIMI)

Notre proposition pédagogique s’inscrit dans le domaine d’études INFRASTRUCTURES TERRESTRES, qui porte l’ambition de « préparer nos étudiants.es à agir dans un monde où il est devenu primordial d’atténuer l’impact des activités humaines sur l’environnement au sens large, mais aussi de développer des stratégies d’adaptation face à un réchauffement climatique inéluctable. »*

Au sein du DE, les deux enseignements de projet ont en commun de placer au cœur du sujet la question de l’habitabilité́ terrestre dans un monde marqué par de multiples crises (environnementales, économiques, sociales). Ils s’appuient sur la notion d’infrastructure, notion entendue à la compréhension et l’analyse des systèmes d’installations humaines sur lesquels il est nécessaire que l’architecte agisse pour faire face aux bouleversements actuels. Chaque enseignement est construit autour d’un objet d’étude géographiquement situé, emblématique des grands enjeux portés par l’évolution de nos sociétés. Il vise à produire un « manifeste situé », capable de produire de la connaissance et des outils pour agir à l’aune de la condition présente.

L’enseignement de projet Infrastructures littorales, qui s’adresse conjointement aux étudiants S7-S9, s’intéresse ainsi aux infrastructures situées en première ligne du dérèglement climatique, avec le choix d’une situation littorale différente chaque année. Nous nous intéressons ce semestre aux infrastructures littorales de la ville de Cherbourg et de la presqu’île du Cotentin. A partir de ce terrain d’étude commun, que nous irons arpenter ensemble lors d’un voyage d’étude, l’enseignement de projet laisse ouvert aux étudiants le choix du site et du programme, en lien avec les travaux d’analyse et d’identification des enjeux portés par le séminaire « Les villes côtières face aux crises », porté par la même équipe pédagogique. L’enseignement de projet et le séminaire associé « recherche par le projet » portent ainsi sur le même terrain d’étude et mobilisent tous deux des enseignants des champs disciplinaires TPCAU, HCA et VT. L’inscription simultanée en cours de projet et de séminaire est vivement conseillée sans être rendue obligatoire. Les étudiants qui le souhaitent sont par ailleurs encouragés à poursuivre en S10 un PFE « mention recherche ».

* Texte extrait du «Rapport HCERES, Campagne d’évaluation 2023-2024, Vague D, Axes stratégiques de développement 2025-2030 », juin 2023.

Le contenu pédagogique de cet enseignement de projet S7-S9 porte sur l’apprentissage du projet d’architecture à l’échelle du territoire. Si l’on distingue en général l’architecture (l’édifice) et le contexte (l’étendue, l’environnement, la Terre), l’une faisant l’objet d’un projet et l’autre servant de toile de fond, cet enseignement propose plutôt de considérer ce contexte comme un sujet de conception en tant que tel. L’architecture se présente alors comme l’art de concevoir et réaliser des projets à toutes les échelles et sur tous les objets de construction. Les édifices, bien sûr, mais aussi les sols, les voies, les réseaux, les infrastructures, les espaces publics, les territoires sont les sujets de l’architecture. Ainsi, les questions architecturales et disciplinaires sont rechargées par les problématiques complexes et changeantes issues des contextes.

Les trois années précédentes, cet enseignement s’est appuyé́ sur les territoires de Dunkerque, de Fos-sur-Mer – en France – et de Ravenne – à l’embouchure du delta du Pô, sur la côte adriatique italienne. Dans ces territoires littoraux, les programmes associés aux infrastructures côtières montrent aujourd’hui localement leurs limites : obsolescence des installations, risques industriels, pollution des sols, risques de submersion marine, perte d’attractivité́ des conditions résidentielles, appauvrissement des écosystèmes, mobilités fortement carbonées et dépendance aux énergies fossiles.

Nous avons cette année l'opportunité d’étudier le territoire de Cherbourg, sur la presqu’île du Cotentin, en partenariat avec un certain nombre d’acteurs locaux (architectes, élus, et autres acteurs du territoire en lien avec son développement économique, environnemental, son histoire, etc.).

Nous consacrons les premières semaines du semestre à l'étude du territoire, par ses composantes infrastructurelles. Les étudiants produisent un atlas cartographique et identifient, depuis l’école, des sites et des problématiques stratégiques répartis sur le territoire d'étude, en binôme et collectivement. Devenus experts d'une infrastructure spécifique du territoire étudié, ils participent activement à la définition du programme du voyage en préparant les visites et les échanges avec les intervenants. Ce déplacement incarne ainsi le temps de la confrontation au réel, de la découverte et de l'arpentage. La suite du semestre est consacrée à l’élaboration du projet d’architecture – de la composition du programme et de la conception de l’édifice jusqu’au détail de construction –, en binôme, jusqu’au rendu final en fin de semestre.

VOYAGE D'ETUDE A CHERBOURG

Le voyage à Cherbourg regroupe les étudiants de projet et de séminaire. Il se déroule sur une période de trois jours et constitue un temps fort de l’enseignement. Il amène les étudiants.es à « arpenter » où plutôt à « enquêter », car c’est en étudiant les transformations de l’environnement que les étudiants peuvent envisager les moyens de s’y adapter. L’interprétation territoriale permet alors d’opérer une traduction de la complexité́ du réel et de ses potentiels. Elle produit une première strate de connaissances situées nécessaires à la transformation.

Le voyage d’étude aura lieu cette année du 5 au 7 novembre 2025. Nous participerons d’abord à une journée d’échanges en lien avec la municipalité de Cherbourg et ses acteurs locaux, où nous rencontrerons des experts de ce territoire, et aurons l’occasion de débattre des grandes questions qui s’y posent. Les deux journées suivantes nous permettrons d’arpenter le territoire d’étude, à pied et à vélo, et de nous rendre sur les sites de projets du semestre, identifiés en amont du voyage.

Les multiples actions menées pendant ce séjour (arpentage des sites, organisation de visites spécifiques, mission photographique, interviews d’experts, collecte de données, séances de travail collectives sur site, ...) permettront de constituer le socle du déploiement des travaux du semestre.

La méthode mise en place depuis trois ans au sein de cet enseignement s’appuie ainsi largement sur cette semaine de voyage qui a lieu un mois environ après la rentrée de septembre. La connaissance produite par le groupe lors du voyage constitue ainsi le socle pédagogique de l’enseignement, qui sera mobilisé à la fois par le séminaire et l’ensemble des ateliers de projet du S7 jusqu’au S10.

UN ENSEIGNEMENT CROISE S7-S9

L’enseignement de projet est conjoint aux semestres S7 et S9, qui partagent les mêmes terrains d’études, objets et méthodologies de projet, en adaptant les attendus selon l’année d’étude. Là où les S7 font l’apprentissage de la complexité́ et s’initient à la recherche, les S9 ont la possibilité de définir d’ores et déjà le cadre réflexif de leur projet de PFE et aboutissent dans le même temps leur mémoire de fin d’études.

Nous proposons ainsi chaque année aux étudiants de constituer des binômes croisés M1-M2, composés d’un étudiant S7 et d’un étudiant S9. Les étudiants S9 sont invités, en début de semestre, à tenter d’énoncer les problématiques qu’ils ou elles souhaitent investir en S9 et en S10. Les étudiants S7 ont quant à eux la possibilité de se joindre, par priorité d’intérêt, aux sujets portés par les S9, tout en portant leur propre regard. Pendant le semestre, les étudiants S7 et S9 travaillent ainsi en binôme sur un projet commun, augmenté en fin de semestre pour l’étudiant en S9 d’un petit rendu spécifique, dont le format reste à déterminer selon le sujet choisi, pour amorcer le S10 détaché de la contrainte du projet de groupe.

Pour les étudiants en M2, la préparation au PFE s’établit ainsi sur deux semestres (Projet Long en S9 et S10) et offre l’occasion de bénéficier de plusieurs jurys croisés entre enseignants des deux groupes de projet du domaine d’études (mais aussi d’autres enseignants de l’école et dont la démarche peut enrichir le parcours de l’étudiant). Les étudiants S9 sont ensuite invités à poursuivre sur le même terrain d’étude au S10. L’objectif est de renforcer le lien S9-S10 et de permettre aux S9 de construire une base solide pour un PFE, sans toutefois céder au modèle S9-analyse et S10-projet : le rendu de S9 reste un vrai rendu de projet. Alternativement, si en S10, les étudiants souhaitent développer un PFE « mention recherche », ils ou elles ont la possibilité de revenir sur le territoire étudié l’année précédente en S7, afin de renforcer les liens avec le mémoire, en développant un travail de « recherche par le projet ».

Ce format pédagogique S7-S9 caractérisé par une unité́ de lieu, le partage des méthodes et des compétences, des rythmes et attendus différenciés, favorise un esprit de groupe et culture de projet commune. Il vise à la fois l’autonomie projectuelle et l’acquisition réciproque de savoir par le collectif. Cette approche horizontale de l’enseignement, adossé et nourri par les enseignements de séminaire et de cours de processus de conception encourage autant l’émergence de postures critiques que la fabrique d’outils projectuels et de systèmes de représentation riches et singuliers.

L’ensemble des travaux des ateliers de projet et du séminaire font chaque année l’objet d’une publication numérique sous la forme d’un site web. L’enseignement initié en 2022-23, 2023-24 et 2024-25 a permis de construire le socle de la publication numérique.

Les travaux sont accessibles à l’adresse : www.infrastructures-terrestres.com

INFRASTRUCTURES TERRESTRES (HABITER LA ZONE CRITIQUE)

DESCOLA, Philippe, La Composition des mondes. Entretiens avec Pierre Charbonnier, Paris, Flammarion, 2014.

GAILLARDET, Jérôme, La Terre habitable ou l’épopée de la zone critique, Paris, La Découverte, 2023.

LATOUR, Bruno, Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique, Paris, La Découverte, 2015.

MANTZIARAS, Panos et VIGANÒ, Paula (dirs.), Le Sol des villes, Genève, MetisPresses, 2016.

TVK, La Terre est une architecture, Leipzig, Spector Books, 2021.

ZALASIEWICZ, Jan, WATERS, Colin, et WILLIAMS, Mark, Les Strates de la ville de l’Anthropocène, Annales. Histoire, sciences sociales, février 2017, pp. 329-351.

METHODE D'ENQUETE TERRITORIALE

AÏT-TOUATI, Frédérique, Terra forma – Manuel de cartographies potentielles, Paris, B42, 2019.

BANHAM, Reyner, Los Angeles, the City of Four Ecologies, Londres, Allen Lane, 1971.

BÉLANGER, Pierre, Landscape as Infrastructure, Abingdon et New York, Routledge, 2017.

KOOLHAAS, Rem, New York délire. Un manifeste rétroactif pour Manhattan (New York, Oxford University Press, 1978), traduit de l’anglais par Catherine Collet, Marseille, Parenthèses Éditions, 2002.

ROSSI, Aldo, L’Architecture de la ville, Padoue, Marsilio, 1966, traduit de l’italien par Françoise Brun, Paris, L’équerre, 1981.

TOMATO ARCHITECTES (coll.), La Ville du Périphérique, Paris, Le Moniteur, 2003.

TVK, No Limit, Paris, Éditions du Pavillon de l’Arsenal, 2008.

VENTURI, Robert, SCOTT BROWN, Denise, IZENOUR, Steven, L’Enseignement de Las Vegas (Cambridge Mass, MIT Press, 1972), traduit de l’américain, Bruxelles ; Liège, Pierre Mardaga, 1978.

VIGANÒ, Paola, Les Territoires de l’urbanisme, le projet comme producteur de connaissances, Genève,

Métis Presses, 2012.

VILLE ET SYSTEMES PRODUCTIFS

CAYE, Pierre, Durer. Éléments pour la transformation du système productif, Paris, Les Belles Lettres, 2020.

BERGER, Alan, Drosscape: Wasting Land in Urban America, Princeton Architectural Press, 2006.

KOOLHAAS, Rem, Junkspace: repenser radicalement l’espace urbain, Paris, Payot et Rivages, 2011.

MANGIN, David, La ville franchisée, Paris, Les éditions de la Villette, 2004.

MUMFORD, Lewis, Le Mythe de la machine (New York, Harcourt Brace Jovanovich, 1973), traduit

de l’américain par Léo Dilé, Paris, Fayard, 1974.

ROSEAU, Nathalie, Temps et infrastructure : Le futur des métropoles, Genève, Métis Presses, 2022.

ROUILLARD, Dominique (dir.), L’Infraville / Futurs des infrastructures, Paris, Archibooks, 2011.

ROUILLARD, Dominique (dir.), Permanence, effacement, disparition. Politique des infrastructures, Les Acacias, Métis Presses, 2018.

ARCHITECTURE ET TRANSFORMATION

ALONZO, Éric, L’Architecture de la voie histoire et théories, Marseille, École d’architecture de la ville et des territoires, Éditions Parenthèses, 2018.

BANHAM, Reyner, L’Architecture de l’environnement bien tempéré (Londres, Architectural Press, Chicago, The University of Chicago press, 1969), traduit

de l’anglais par Antoine Cazé, Orléans, HYX, 2011.

BOESCH, Martin, Yellowred: On Reused Architecture: Volume I, Mendrisio, Mendrisio Academy Press, 2017.

GIEBELER, Georg, FISCH, Rainer, KRAUSE, Harald, MUSSO, Florian, PETZINKA, Karl-Heinz, RUDOLPHI, Alexander, Rénover le bâti. Maintenance, reconversion, extension, Lausanne, Presses techniques et universitaires romandes, 2012.

LUCAN, Jacques, Composition, non-composition, Architecture et théories, XIXe – XXe siècles, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2009.

MARTÍ ARÍS, Carlos, Les Variations de l’identité – Le type en architecture (1993), Paris,

Éditions Cosa Mentale, 2021.

MERCURIALI, Mathieu, Concevoir à grande échelle, Paris, éditions B42, 2018.

ROTOR, Déconstruction et réemploi, Bruxelles,

Presses polytechniques universitaires romandes, 2020.

RUBIN, Patrick (dir.), Transformation des situations construites, Paris, Canal Architecture Éditions, 2020.

TVK, Places du Grand Paris, Principes de conception

pour les espaces publics du Grand Paris Express, Paris, Building Books, 2023.