Cette semaine intensive est proposée avec pour objet la question du relevé architectural en lien avec la question de l'enseignement de l'intervention dans / avec / sur / contre l'existant, objet de réflexion du semestre.
Aujourd'hui, alors que la question de la transformation du cadre bâti est devenue le champ principal de l'activité des architectes en France, la compréhension préliminaire à toute action d'architecture est une compétence attendue et nécessaire.
Le relevé renvoi directement à l'action de l'architecte.
L'architecte opère sur le monde qui l'entoure par l'intermédiaire d'une action de dessin, il dessine quelque chose, qu'il représente à travers des projections planes - pour encore une grande partie de la production - et qui, au terme d'un long processus, abouti à la constitution d'un environnement bâti.
Le relevé consiste à la démarche inverse, à savoir dessiner un environnement bâti pour le ramener aux représentations abstraites que sont les projections planes (plan, coupe, élévation). Les finalités d'un relevé sont nombreuses : documentation historique (le bâtiment est l'archive première) permettant par exemple l'analyse archéologique, vérification métrique des surfaces (géomètre), ou qualification d'une situation pour pouvoir penser son devenir : de sa préservation à sa transformation plus ou moins radicale.
Dans le document pour le cours de dessin qui était distribué en 1989 aux étudiants de 1ere année à l'école d'architecture de Versailles, était écrit en préambule :
'L'habileté graphique n'est pas essentielle au dessin d'architecture, qui demande en revanche de s'astreindre à une parfaite maîtrise du trait.
On peut ici limiter notre ambition à celle de Philibert de l'Orme, quand il affirme dans son traité d'architecture :
'Je ne dis pas que ce ne soit pas fort belle grâce à l'architecte de savoir bien dessiner et peindre, mais il y a tant de choses plus nécessaires à connaître qu'il lui suffit de dessiner médiocrement, proprement et nettement'
Cité par J.M. Savignat, Dessin et Architecture, du Moyen-âge au XVIIIe s. ENSBA, Paris 1980'
Le dessin de relevé d'architecture ne requiert donc pas de compétence artistique, mais demande simplement de la rigueur et de la méthode. Rigueur dans le suivi de la démarche, rigueur dans la manière de dessiner (par exemple, mieux vaut un trait pas tout à fait droit, qu'un écheveau de trait pour représenter une arête…), et méthode qui consiste toujours d'aller du général au particulier. Le temps du relevé est aussi un moment d'analyse, qui permet d'identifier, au-delà du particularisme de ce que l'on doit relever, les récurrences, les répétitions, ce qui semble faire système, et ce qui est spécifique, particulier, 'anormal'.
Savoir relever, constitue une base méthodologique, analytique qui peut vous aider à construire votre formation d'architecte, quel que soit le champs ultérieur de votre pratique.
Les attendus pédagogiques de cette semaine intensive sont :
- Consolidation de la préhension du réel par le dessin (planimétrique) in situ ;
- Consolidation de la question de la proportion ;
- Apprentissage du détail constructif et relation à l’expression architecturale ;
- Méthodologie du relevé (minute, prise de cote, trilatération, etc…)
- Utilisation des outils basiques de la prise de mesure (mètre, mètre laser, éclimètre)