L'architecture transforme
La fabrication du projet a perdu de son évidence pour se tourner vers des procédures décidées. Chaque architecte met en œuvre dans ses projets un ensemble de préceptes, d’habitus incorporés qui lui sont nécessaires pour faire et énoncer ce qu’il fait.
La disparition des croyances durables et la brièveté de la valeur accordée aux messages et produits (les bâtiments se déclassent comme les objets en général) se sont accompagnées du déplacement de l’intérêt des architectes vers les procédures de conception du projet. Ce déplacement caractérise l’architecture contemporaine. L’intelligence de sa conception définit l’architecture.
Chaque projet est devenu dès lors une interrogation sur le projet et la manière de le produire; autrement dit une mise à distance caractéristique de l’époque. Le projet contemporain se construit comme distance critique en action par la production d’ une architecture qui interroge nos pratiques par la pratique, se demandant, lors de chaque décision à prendre, à tous les niveaux, quels automatismes, habitus, incorporations, préceptes, se mettent en œuvre, et comment y substituer autre chose. La déconstruction de son propre champ est menée, elle est efficace pour produire le projet.
'L’architecture transforme' énonce que chaque projet est l’installation d’une scène théorique qui transforme notre manière de faire et de voir. Si l’architecture n’est plus auto-référentielle, alors elle peut réciproquement inquiéter elle aussi les conventions sociétales dans leur ensemble.