Peut-on habiter l’héritage des infrastructures ?

Mon projet interroge la possibilité de faire d’un site dominé par les flux, le bruit et la pollution un cadre de vie habitable, actif et inclusif. J’ai travaillé sur un terrain enclavé dans un échangeur routier à Paris, entre le périphérique, la Seine et l’autoroute A4, où se trouve aujourd’hui un centre d’hébergement temporaire. Ce bâtiment modulaire, conçu pour être démonté, accueille des personnes en situation de précarité. Plutôt que de maintenir cette logique de relégation et de temporalité, je propose un projet pérenne de 228 logements, intégrés et socialement mixtes. L’immeuble en R+10 s’organise autour d’une cour intérieure, qui constitue une réponse directe à l’environnement hostile. Elle protège des nuisances extérieures et devient un espace central de vie. Des coursives, une ceinture de balcons et une enveloppe acoustique et thermique renforcent cette stratégie. Les quatre noyaux de distribution situés côté cour favorisent les échanges et recentrent l’habitat vers l’intérieur. Le rez-de-chaussée accueille un tiers-lieu ouvert aux riverains pour faire de ce lieu marginal une nouvelle centralité. Ce projet propose une autre manière d’habiter la ville, en transformant les franges urbaines délaissées en opportunités de logement et de lien social.