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CHERGUI Ghizlaine

Dédensifier les quartiers informels par une urbanisation raisonnée

2025

Guyane, Macouria, Soula-Sablance

Directeur(s) d'étude(s) : Thomas HEUZÉ

Enseignants : Hervé DUBOIS

Ce projet est né d’un voyage d’études en Guyane, mené dans le cadre d’une commande de la Direction Régionale des Affaires Culturelles. Les rencontres et les échanges avec les habitants des quartiers informels ont révélé une réalité complexe : une vie riche de pratiques et de solidarités, mais marquée par une densification incontrôlée, une insalubrité croissante et une marginalisation face à la ville planifiée. Plutôt que de détruire pour reconstruire selon des modèles imposés et déconnectés des besoins, le projet propose un accompagnement à l’auto-construction, en s’appuyant sur les dynamiques existantes et les modes de vie réels.

À Soula-Sablance, territoire charnière où un quartier formel (Soula) fait face à un quartier informel (Sablance) sans véritable dialogue, vient s’implanter le projet : un linéaire habité de 4 km. Plus qu’une infrastructure, il devient une « maison commune » qui relie, équipe et valorise. Il concentre les réseaux (eau, électricité par panneaux photovoltaïques, assainissement, phytoépuration), propose des espaces publics et des services manquants (marchés, classes solidaires, ateliers), et peut accueillir ou retirer des modules selon les besoins du moment. Construit en poteaux bois moisés sur des socles de briques de terre crue stabilisée issues de la latérite du site, il associe ressources locales et techniques constructives permettant le pluggage progressif des fonctions tout en franchissant la RN1 pour retisser un lien de la rive au littoral.

Le projet s’accompagne d’une réflexion sur la dédensification progressive des quartiers insalubres, rendue possible par le phasage du linéaire et l’introduction d’un module de logement bois évolutif de 12x12 m. Organisé autour d’un patio, il répond aux modes de vie guyanais marqués par les familles élargies. Le patio permet de densifier verticalement tout en préservant salubrité, lumière, air et intimité. La galerie périphérique à l’étage ouvre la possibilité d’extensions verticales maîtrisées. Chaque module conserve un espace de jardin de case, garant de continuité avec les pratiques culturelles et alimentaires locales.

Ce projet est à la fois urbain, architectural, paysager et social. Il s’appuie sur la participation des habitants et sur l’usage de matériaux locaux pour leur permettre de façonner eux-mêmes leur cadre de vie comme il est coutume dans ces quartiers. L’objectif n’est pas de proposer une forme figée, mais plutôt un cadre ouvert, une démarche reproductible, respectueuse des modes de vie et capable d’évoluer avec les habitants dans le respect de leurs cultures et de leurs pratiques, en Guyane comme dans d’autres contextes.