Habiter ensemble

Athènes est une ville de contrastes : entre densité urbaine et interstices, occupés de façons temporaires pour le stationnement de voitures ; et entre intensité sociale et individualisme au sein des immeubles de logements collectifs.

Aujourd'hui, le modèle de logements collectifs omniprésent dans la capitale grecque est celui de la polykatoikia. Il s'agit d'un modèle économique standardisé. Or, depuis son développement, au 20ème siècle, les enjeux et les modes d'habiter ont évolué. Ce modèle ne propose que très peu d'espaces partagés, souvent délaissés : le toit terrasse et la cour intérieure (akalypto).

Toutefois, depuis la pandémie, certaines personnes ont commencé à réinvestir les toits pour sortir des limites de leurs logements. Nous avons réalisé une série d'entretiens avec des étudiants, jeunes actifs, architectes, ingénieurs, sociologues, artistes et retraités, afin d'appréhender le rapport entre public et privé, partagé et individuel, et les relations établies entre les habitants d'une polykatoikia.
Deux points ont été abordé de façon récurrente : la question de la proximité spatiale des familles intergénérationnelles, ainsi que la difficulté à partager les espaces communs, puisque la notion d'usage est intimement liée à celle de propriété et de privatisation.

Ce contexte d'évolution nous a poussé à requalifier les strates d'intimité, afin d'imaginer une forme d'habiter utopique, tout en s'attachant au contexte du quartier d'Omonia. Marqué par une grande diversité sociale, il fait face à un déclin résidentiel et commercial.

Dans cette démarche utopique, à l'échelle du quartier, en partant du postulat que la ville fait face à de forts îlots de chaleurs urbains, notamment liés au manque de végétation, les toits terrasses et les cours intérieurs deviendraient publics, afin d'offrir un confort d'habiter à tous les athéniens. A l'échelle du logement, en réinterprétant le modèle actuel de la polykatoikia, et en se référant au système des coopératives, le développement d'un modèle-type de logements collectifs intergénérationnels, reconsidère les potentiels d'une nouvelle habitation collective dans la capitale grecque.

Une vie en collectivité au-delà du cercle familial serait-elle envisageable ? Le modèle-type se compose d'un noyau intime, fixe, au sein duquel se trouve un système de gaines et de cheminées de ventilation naturelle, pour des questions de confort et de liberté d'usages. Autour de ces noyaux s'organisent des périphéries partagées, à différents degrés. Le logement est alors décloisonné et offre une richesse de scénarios possibles, libres de s'imbriquer, de s'adapter et d'évoluer.