Retour

  • DE6 Transformation, temporalités de l’existant et des patrimoines
  • PFE

Laurène FLAMBEAUX

Des ateliers de potiers en terre méconnue, la reconversion de la ferme de Bergham

2017

Bergham, Basse-Bavière, Allemagne

Directeur(s) d'étude(s) : Donato SEVERO

Le sujet de ce PFE recherche traite de la reconversion de la ferme solitaire de Bergham située dans la Vallée de l’Isar, à quelques kilomètres de Landshut, capitale de la céramique et à une demie heure de l’aéroport international de Munich, en un lieu expérimental sur la matière terre. Le projet se développe avec une approche paysagère en appréhendant le site dans son contexte matériel et géographique dans la continuité des idées propres aux notions du régionalisme critique, et ce, enrichie d’une étude historique et typologique des fermes traditionnelles réalisé dans le mémoire de recherche. Plus particulièrement, c’est la sensation du Stimmung ou de l’atmosphère du lieu perçu dans son immédiateté, qui nous a permis de lire son génie et ses potentiels. C’est donc à partir des valeurs sensibles relevées dans leurs expressions spatiales et matérielles que nous amorçons l’histoire du projet sur le registre de la contemplation, du rêve et de la flânerie. Il est ainsi question du circuit de l’eau, comme liant de notre histoire, se voulant régler à la fois les problèmes pathologiques et apporter la dimension poétique quant à l’activité des potiers pour laquelle l’eau est primordiale. Pour ce faire, l’élément architectonique du socle est destiné à récupérer les eaux de pluie et à accueillir de nouveaux usages tels que le recyclage de la terre, l’irrigation des potagers ou encore pour l’utilisation des sanitaires. Ainsi, le traitement du sol est le dénominateur commun aux trois entités programmatiques : habitat-gîte-ateliers, qui s’implantent en fonction des logiques de situations existantes et exploitent les qualités spatiales du lieu en fonction de ses ambiances et de ses paliers d’intimité. En accord avec nos intentions architecturales, le geste fort entrepris est celui de l’exercice de la percée. En effet, l’implantation, l’orientation des bâtiments et la topographie, sont les indicateurs qui nous ont permis de déceler les grandes lignes directrices du site. En l’occurrence, ces transparences alternées offrent des perspectives cadrées à la fois sur le proche et lointain paysage et favorisent les échanges visuels entre l’intérieur et l’extérieur de la ferme. Elles participent également à équilibrer la relation entre les pleins et les vides, entre les contours et les surfaces tout en amenant de la lumière et de la ventilation naturelle. En somme, elles stabilisent la relation des bâtiments entre eux et cherchent à conforter l’organisation primitive du site.

Ce travail est également à mettre en perspective au regard des problématiques du développement durable dans la mesure où le projet met en avant des circuits-courts et favorise l’économie de matière, d’énergie, d’eau et exploite la capacité d’un système autarcique. Par ailleurs, notre position architecturale au regard du patrimoine est de prôner le principe de simplification et d’épuration des volumes favorisant une pluralité d’interventions adaptées au cas par cas. De ce fait, la question du dialogue et de l’articulation entre le nouveau et l’ancien pose des questions théoriques importantes. Notamment, cela interroge l’épuisement du langage vernaculaire depuis la métropolisation des campagnes depuis les années 1960 et des potentiels de renouveau de ce langage. Nos thèmes majeurs abordent ainsi la question de la matérialité brute avec l’utilisation du pisé et du bois brûlé, de la dimension poétique de ces matériaux et de l’intégration paysagère de nouvelles formes dans un contexte rural traditionnel. De plus, penser la pérennité du lieu c’est aussi penser la temporalité de sa reconversion sur le long terme. De cette manière, nous cherchons à appréhender les bouleversements sociétaux et les mutations agricoles à venir : la ville polluée, l’engorgement des tissus urbains, le manque d’espace, hyperdensité, l’inflation, le chômage, la qualité de l’eau, la gestion de l’énergie, l’accès à la biodiversité... Les gens vont-ils venir réinvestir les campagnes avec ce que l’on nommera un exode urbain ? En somme, il s’agit d’évaluer en quoi les valeurs patrimoniales de ces constructions modestes et savantes peuvent être portées dans nos modes de constructions actuels et de mettre au défi l’architecture contemporaine à synthétiser anciennes et nouvelles idées afin de proposer de nouveaux modes d’habiter en milieu rural.