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  • DE6 Transformation, temporalités de l’existant et des patrimoines
  • PFE

Aurélie TAUZIET

Reconversion de l’hôpital Bichat

2019

Paris 18ème arrondissement

Directeur(s) d'étude(s) : Donato SEVERO

La division économique et sociale présente au sein du territoire, se reflète dans les différents types de commerces qui entourent l’hopital Bichat.

Nous pouvons voir qu’il y a des commerces de proximité gentrifiés, le marché hebdomadaire de Montmartre, les vendeurs informels concentrés au niveau du périphérique et présents sur l’ensemble du quartier, puis les Puces de Saint-Ouen. Le marché au puce est un élément touristique majeur au sein du territoire, de vente d’objets de seconde main, qui s’est gentrifié au fil des années. Les vendeurs informels autrefois présents au sein de ce marché, sont aujourd’hui rejeté à l’extérieur des puces. Ils constituent selon moi, le patrimoine social intangible des portes Nord de Paris, et mettent en exergue l’écart économique qui divise le quartier de Bichat.

Le projet proposé à pour but de réunir ses différents types de commerces au sein d’un espace central et généreux, de vente et de consommation alimentaire. L’enjeux est de mettre en tension l’économie formelle et informelle, tout en tirant parti de la présence du périphérique, qui facilite l’arrivée de denrées, du tramways, qui connecte les portes Nord entre elles, et des puces de saint-Ouen qui génère un flux hebdomadaire piéton important. L’intervention se positionne dans une recherche d’économie de moyen et d’une spatialité de générosité.

Le programme global propose une école supérieure, des bureaux et logements, un parking et un centre d’urgence médicale, divisé dans les 4 niveaux de la dalle, et une tour de bureaux, faisant signant depuis le rond-point porte de Saint-Ouen.

Le programme recentré présente des logements seniors, une maison des association, une intendance, des logements étudiants, une laverie et un espace de transformation alimentaire ouvert au public.

Le choix d’intervention au niveau de la maternité s’est fait pour sa position centrale, l’espace libre présent autour de cet espace. Il suggère un potentiel d’organisation spatiale, d’articulation des espaces. Ce point est important pour l’implantation d’un lieu hautement social de rassemblement.

L’orl puis la maternité, sont venues l’une après l’autre remplir l’espace central des bâtiments anciens. Le choix de supprimer la partie basse de la maternité découle d’un questionnement développé tout au long de l’année.

Dans mes premières propositions de projet, la maternité était totalement détruite puis totalement conservée. Ces nombreuses hésitations m’ont permis de faire le choix de conserver les parties latérales. En effet, ces corps de bâti sont articulé autour de patio, et démontrent un rapport à la lumière naturelle zénithale. intéressant.

J’ai donc décidé de supprimer les planchers du RDC et R+1 de la partie centrale, plus fine et plus basse.

Cette décision a pour but de compléter le geste majeur des entités latérales en s’alignant sur leur hauteur et largeurs afin de donner une cohésion au contexte, tout en y apportant incorporant deux halles de marchés aux temporalités différentes, adaptées au marché au puces.

Le programme se place sur l’ensemble des entités qui forment le nouvel édifice. Il dessine une rue intérieure rythmée par les différentes séquences, les entrées et les seuils. Le choix de la greffe architecturale dessine une dichotomie entre les éléments existants et le projet, mais ces entités ne sont pas antinomiques. En effet, le choix de projeter une structure en shed et la création d’une mezzanine, révèle la mise en tension entre deux manières de se rapprocher de la lumière naturelle zénithale, celle-ci, et celles des patios.

L’entrée Est est la principale, car elle est orientée en directions des puces de Saint-Ouen, elle est particulièrement visible grâce à la destruction de bâtiment en brique qui venait refermer la parcelle. Se positionne ensuite l’entrée historique depuis le boulevard Neil, l’entrée à proximité de l’arret de tramway, grâce à la destruction d’un petit corps de bâti en brique, et l’entrée actuelle conservée, particulièrement utile pour les camionnettes de livraison. Un accès sous-sol de ces camionnettes est possible grâce à la destruction de la crèche, vétuste.

L’aménagement de l’espace public extérieur se défini par affinement des voies de circulation automobile, la création d’un parc et d’espaces agricoles. Ces derniers sont gérés par la maison des associations. Seul les véhicules de service ont accès au sud de la parcelle. L’utilisation de la brique recyclée posée à champs pour les circulations piétonnes et les espaces végétalisés dessinent une dichotomie extérieure minéral / végétal.

Un grand parvis met en valeur le début du parcours, il fait un appel depuis la rue. Le sol est en brique, récupéré suite a la destruction du bâtiment Est.

Se présente ensuite la halle de marché hebdomadaire, ouverte sur l’extérieur. Sa structure est semblable à la halle de marché permanente, détaillé par la suite. Une rampe de 10 mètres de long guide les visiteurs jusqu’au cœur du marché, anciennement l’air de jeux pour enfant, surélevée de 50 cm de hauteur par rapport à l’entrée Est. La dalle de la maternité se trouvant également à cette hauteur , cette mise à niveau permet de créer une accessibilité handicapé longitudinale sur l’ensemble du projet. La remise en fonction de l’ascenseur présent en sous sol permet de monter facilement du mobilier stocké plus bas. Il est habillé de parois ajourées en bois posé sur un châssis en acier galvanisé. Ces parois ajourées sont reprise dans l’ensemble du marché et viennent délimiter les stands les uns des autres.

On accède par la suite à la première séquence du marché permanent, définit comme l’espace «chaud». Afin de mettre en avant le parcours piéton des visiteurs, le patio de la maternité est prolongé jusqu’au rez de chaussée, créant ainsi un sas d’entrée couvert vitré, qui marque l’accès principal.

Ensuite, nous arrivons à la halle de marché permanente, en traversant un des joins creux présent entre chaque bâtiment, par une double porte faite de baies vitrées coulissantes automatisées. Cette halle est l’élément quataliseur du programme. Elle abrite 4 types de stands, qui sont des espaces de vente majoritairement «sec» et des espaces de dégustation le long des façades. La hauteur sous plafond crée une respiration dans le parcours, propre aux halles de marché.

La présence de la mezzanine à hauteur du deuxième étage des structures latérales permet de connecter l’ensemble des entités entre elles, et de créer un jeu de regard entre les niveaux. On peut regarder le marché depuis cet espace en hauteur, ainsi que le contexte environnant. Sa position au nord permet de bénéficier d’une lumière naturelle douce constante. Elle accueille des tables à manger, deux cafés/restaurants, et un espace de déambulation.

Enfin, le parcours se poursuit jusque l’ancien bâtiment de l’Orl qui abrite les fonctions du marché dites «froides «, des stands «secs», les sanitaires, et une épicerie qui a une entrée indépendante du reste du marché et peut être ouverte à des horaires différentes. Le bois et le verre viennent ici aussi habiller les espaces.

La réhabilitation et l’agrandissement du sous-sol par l’ajout d’une travée est dédié à un espace de stockage accessible en véhicule. Une pente douce crée cet accès, couverte par la suite par une structure béton. La conservation des nombreux ascenseurs et escaliers existants permettent de connecter verticalement les espaces.

Nous pouvons voir sur le plan de manière plus précise la mise à distance entre la halle et les bâtiments existants, afin de ne pas complexifier la lecture architecturale des différentes entités du projet. Il y a seulement les passages couvert qui connectent physiquement les bâtiments entre eux. Ils mettent en avant les flux piétons traversant, et articulent les entités architecturales. Cet espace est plus important au niveau de l’entrée principale historique afin de la mettre en valeur. Les différents modules de vente viennent encadrer les espaces de circulations traversants et la rue intérieure.

Un espace de rencontre vitré marque un décroché à la géométrie globale de la halle, afin de guider naturellement le flux de circulation vers l’entrée suivante existante, légèrement décalé de la direction principale.

La nouvelle structure se positionne sur la trame existante.Une structure légère en bois viens habiller les stands de vente. Elle permet de venir porter les enseignes des commerçants et les fines cloisons ajourées.

La matérialité béton acier et bois des structures a été choisi afin de montrer la la modularité possible des éléments grâce au démontage, des structures secondaires et tertiaires. Enfin, le programme de marché nécessite un nettoyage régulier du sol, il y a donc un soubassement béton et brique recyclées à hauteur de 1m autour de la halle permanente et le sol est en béton ciré. Les pieds de poteaux en bois sont protégés par de l’acier galvanisé.

La force plastique du bâtiment vient de l’expressivité brute des matériaux utilisés. Le plus souvent, le matériau structurant est également le matériau de finition. Ce choix de simplicité permet une appropriation totale de l’espace par les usagers dans le temps.

Nous pouvons voir sur la coupe plus en détail la structure de la halle permanente. Les poteaux de 10 mètres de hauts en béton sont en forme de croix d’une largeur totale de 60 cm afin d’éviter le flambement. Ils viennent englober les poteaux existants partiellement conservés. La formes des poteaux en béton permet également de venir y accrocher les câbles électriques et les sorties d’air nécessaires au stands et aux chambres froides positives. La machinerie de ces frigo est positionnée sur la toiture afin de ne pas encombrer l’espace public. A la cime de ce cette structure en béton se positionnent des poutres en bois lamelé-collé de 140x20 cm.

Grâce à l’apport de lumière naturelle et à cette matérialité bois, l’ambiance générale du marché se veut chaleureuse. Enfin, se positionnent les sheds en acier. Ils supportent la toiture en bac acier, tout les 4mètres environs , qui accueille une isolation thermique. A l’intérieur, les bac aciers ont un revêtement en bois stratifié, à l’extérieur, ils supportent les panneaux photovoltaïques exposés pleins sud et des ouvertures type velux.

En ce qui concerne la compositions des façades, Des fenêtres double vitrage viennent se positionner sur le soubassement béton/brique. Côté extérieur, des profilé en bois génèrent un brise soleil et une certaine intimité. Se positionnent ensuite des persiennes vitrées, qui permettent, avec les différentes entrées et les velux, une ventilation naturelle du bâtiment.

La reprise des lignes directrices des façades existantes, la visibilité des poteaux et béton et du soubassement brique, permet une cohésion entre les éléments. Les brises soleil en bois, le bardage et la poutre apparente dialoguent de par leur horizontalité et leur couleur chaude avec le revêtements en brique des bâtiments voisins.

L’enjeux du ventre des puces a été de proposer un espace généreux, central et hautement social. L’ouverture de la parcelle et l’intervention architecturale révèlent la recherche d’une économie de moyens et la nécessité de créer une mixité sociale au sein du territoire, ici à travers la nourriture, le commerce et l’échange. Cultiver, transformer, vendre et manger, ces différentes actions sont articulés grâce à la rue interne du projet, les traversées et les différents seuils. Cette rue s’adapte au rythme du quartier donné par les Puces de Saint-Ouen et valorise ces différentes temporalités. La temporalité de la ville, du quartier, mais aussi du climat, avec les espaces agricoles, les panneaux photovoltaïques et le rapport à la lumière naturelle.

Enfin, la mezzanine met en valeur ces différentes ambiances et les articulent dans une balade intérieure, au dessus de l’agitation du marché, qui se transforme alors en spectacle urbain.