Contenu
Habiter : Architecture-Ville-Nature
Par « Habiter » nous entendons établir les conditions d’une occupation propice à l’épanouissement humain, autant que profitable à son environnement, sans dégrader le contexte « naturel », voire en contribuant à son ressourcement. Les recherches interagiront avec une variété de contextes et feront la démonstration d’une manière d’ « habiter le monde », sans se limiter à la question majeure du logement.
Par « Nature », nous désignons les éléments primaires de la « Terre » (eau, air, sols non anthropisés, plantés, vivants, etc.). La « Nature » apparait désormais comme la matrice première incontournable de toute transformation, à la fois dans une dimension patrimoniale qui vise à protéger chaque réalité et expression « naturelle », ou au contraire dans une dynamique de renouvellement, de restauration et de renforcement de son empreinte largement dégradée au cours du siècle passé.
Si nous sommes convaincus qu’il n’y a pas d’avenir pour la civilisation sans avenir pour la ville et pour l’architecture, que la réalité et l’angoisse contemporaine sur le climat imposent de ne plus penser la nature contre la culture, alors nous devons penser l’unité de ces trois notions ; Architecture, Ville et Nature.
La caractéristique pédagogique soutenue dans le studio est donc une réflexion conjointe et méthodique autour de trois notions fondamentales : Architecture-Ville-Nature.
A ces trois notions, nous associerons trois échelles de réflexion concomitantes et indissociables, trois regards sur le monde et autant d’enjeux et de questionnements :
- Architecture : histoire, culture, tradition, invention, typologie, habitat, dessin, espace, beauté, construction, matérialité, détail, économie, rationalité, usages etc.
- Ville : infrastructures, espace public, lieu, espace social, tissus, réseaux, économie, mobilités, migration, programmation, temporalité, numérique, densité etc.
- Nature : région, géographie, climat, ressources, sol, eau, fertilité, écosystème, biodiversité, énergie, bioclimatique etc.
« Une approche régionale située »
En considérant le territoire et la « région » comme un système géographique complexe fait de ressources, de biodiversité, de productions, de flux, d’externalités etc… et en appréciant l’architecture sous l’angle du régionalisme et de la bioclimatique, nous proposerons aux étudiants de développer un projet profondément situé. Dans ce contexte, les étudiants seront invités à s’intéresser aussi bien à des situations de congestion métropolitaine qu’à des territoires de faible densité, en Europe ou ailleurs dans le monde. Le temps long du S9+S10 ouvre le champ des possible, des sujets et des contextes.
« S9 : Un sujet consolidé et une première esquisse »
Dans ce cadre méthodologique qui spécifie la présence conjointe des trois notions « Architecture-Ville-Nature », chaque étudiant ou groupe d’étudiants ouvrira un champ de réflexion pouvant provenir d’un questionnement thématique, d’un événement, d’un territoire, d’une situation ou d’un type architectural… A partir de sa documentation et ses premières analyses, l’étudiant sera accompagné dans la précision progressive de l’énoncé de son sujet.
Le contenu attendu à l’issue du semestre S9 est ainsi un sujet consolidé, reposant sur une synthèse documentaire thématique, une analyse territoriale approfondie, un inventaire architectural et typologique le cas échéant, des hypothèses programmatiques et projectuelles : la définition conjointe d’une problématique, d’un site et d’un programme (entendu au sens large).
Au-delà de l’exposé du sujet du PFE, la formalisation des hypothèses de projet prendra la forme d’une première esquisse de projet à l’issue du S9.
« S10 : L’ambition architecturale du PFE »
A partir d’un sujet ainsi posé et d’une première esquisse, s’ouvrira la perspective du développement du PFE (S10). L’ambition de cet enseignement est le développement poussé à une échelle très détaillée d’un projet d’architecture, intimement articulé avec un territoire urbain et les enjeux du climat. La qualité de la représentation et la rigueur du dessin participeront pleinement de cette ambition.
Cet enseignement de projet, bien que très attentif à la réalité du monde, revendique une discipline d’expérience et d’expérimentation, une dimension inventive et spéculative qui constitue par ailleurs une manière d’agir dans l’urgence climatique.
« SIFNOS – L’autonomie d’une île »
Proposition de sujet pour un groupe de 3 ou 4 étudiants
Chaque année l’enseignement « Habiter : Architecture-Ville-Nature » propose un sujet susceptible d’intéresser un groupe d’étudiants au sein de la promotion.
L’île de SIFNOS située dans la Cyclades en Grèce a été l’objet d’un développement avancé à travers les âges (civil, religieux, militaire), une île riche, autonome et exportatrice dès l’Antiquité (agriculture, or, argent, fer etc.).
La trajectoire touristique récente de cette île et l’abandon de solutions millénaires (gestion de l’eau, exploitation agricole etc.) a littéralement déconnecté les besoins saisonniers des ressources disponibles, rendant l’île entièrement dépendantes des importations avec tous les inconvénients qui les accompagnent (poids du transport, électricité et eau désalinisée adossées aux énergies fossiles, déchets etc.).
Les ressources locales (sources, vent, soleil, terres fertiles etc.), les solutions de gestion durable de l’environnement, et le développement immobilier relativement limité etc. permettent d’esquisser les possibilités d’un projet exemplaire en matière d’écologie territoriale.
A l’appui de données répertoriées et de contacts locaux, nous proposons d’entreprendre un projet systémique et prospectif ambitieux en lien avec les acteurs de l’île.