'Mutations'
Architecture critique / forme manifeste
Introduction : trois engagements préalables à tout projet
1. L’architecture est une discipline critique par essence. Sa pratique engage à penser, concevoir et matérialiser des alternatives, pas à reproduire des conditions existantes. Un projet d’architecture se confronte toujours à un état actuel et vise, d’une manière ou d’une autre, à le transformer. Nous soutenons qu’il y a toujours autre chose à faire que ce qui est déjà fait.
2. L’architecture est une discipline dissensuelle. Elle n’a pas vocation à mettre tout le monde d’accord. Au contraire, elle poursuit l’objectif polémique de remettre en question ce qui, jusqu’ici, passait pour une évidence inquestionnable. Nous soutenons qu’un projet est doublement radical : il va à la racine du sujet qu’il explore, et il se positionne sans concession par rapport à ce sujet.
3. L’architecture est une discipline qui se pense en se faisant et qui se fait en se pensant. Il n’y a pas de séparation entre théorie et pratique dans le projet : il s’agit d’un même processus. Une architecture n’est pas dissociable de son mode de représentation. Nous soutenons qu’un projet engage une relation dialectique entre le fond et la forme ; le fond influence la forme et la forme influence le fond.
En bref, nous soutenons qu’un projet d’architecture doit nécessairement :
• porter un regard critique sur la situation ;
• prendre une position manifeste ;
• développer une forme expérimentale.
Il n’est pas nécessaire de s’étendre sur les conditions actuelles de notre planète. Il suffit de dire que les crises environnementale, sociale, politique et économique sont corrélées et s’alimentent mutuellement. Notre monde est en cours de destruction, et cette destruction ne cessera pas d’elle-même. Face à cette situation, l’architecture est plus que jamais nécessaire : elle est la seule discipline capable de penser ces crises comme un tout et la seule capable de matérialiser des alternatives globales par le projet.
Notre pédagogie a donc pour ambition de confronter les étudiant·es aux conditions complexes et contradictoires de la pratique architecturale contemporaine, pour développer, avec eux, les moyens de nous en émanciper. Il nous faudra faire avec le monde tel qu’il est, et pourtant faire autrement que ce qui est déjà fait. Notre proposition envisage pour cela deux axes privilégiés sur lesquels pourront se fonder les réflexions des étudiant·es.
- une critique par l’usage (axe 1) ;
- une critique par la mise en œuvre (axe 2).