1- L’architecture de la voie
Les grandes voies du territoire des villes largement fonctionnalisées voire franchisées par le développement urbain contemporain du XX e (un archétype de la modernité) sont les grands lieux de développement impulsés par le processus métropolitain. L’impératif environnemental, la réduction de l’étalement urbain renforcent la pression foncière sur les tissus urbains bordiers de ces grandes voies souvent encore faiblement bâtis. Ces grands tracés, armatures anciennes du territoire des villes et des campagnes devenues l’espace de la voiture sont désormais des hauts lieux du projet métropolitain. Leur évolution interroge :
- La conception des sols publics
Le réseau routier devient progressivement un espace public partagé, ordonné souvent par un transport public qui réduit la place de la voiture au profit d’usage urbain impulsant sur certaines sections sa valeur de centralité ancienne fédérant les usages multiples des services, d’équipements, de programmes résidentiels et économiques. Il y a ici un enjeu fort de conception des sols publics praticables, habitables, inscrits dans la géographie et adaptés au changement climatique.
- L’évolution des tissus urbains :
Les tissus urbains bordiers sont soumis à une forte pression foncière impliquant une mutation souvent brutale (tabula rasa), générique dans ces formes (îlots ouverts), faiblement programmée (la question du rez de ville et de la mixité verticale de l’activité économique et du logement), sans parler de la dimension environnementale trop souvent négligée . La question du projet du tissu urbain des bordures de ces grandes voies est dans ces conditions un sujet stratégique pour la fabrique de la ville. Une grande part des logements métropolitains y est ciblé.
2- Habiter la voie
Le projet de mutation des grandes voies sera au cœur du travail de l’atelier, dans une dynamique architecturale et urbaine exploratoire tant du point de vue de la conception des espaces publics que dans celui de la fabrique des tissus urbains à travers les grands dispositifs architecturaux, urbains et paysager des édifices et des parcelles. Les travaux du semestre devront esquisser et si possible démontrer les qualités d’habiter et de pratiques urbaines et sociales de ces grands lieux. Si les grandes voies haussmanniennes ou encore certaines grandes avenues parc montrent des exemples incontestables de réussites urbaines, leur modèle apparait peu transposable aux grandes voies contemporaines dont la dimension métropolitaine réunie sur un même tracé une diversité de formes, de densité, de paysage et de fonction que l’histoire du développement parisien a façonné. Il s’agira donc plutôt d’interroger les formes mixtes à dominantes résidentielle dans un processus de densification, substitution, palimpseste ancré dans l’histoire des lieux dont les particularités et les qualités spatiales ; architecturales, urbaines devront être illustrées
La question des mobilités est un levier stratégique de la transition écologique : l’étude des tissus bordiers est à mettre en perspective avec les évolutions possibles des usages de la voie elle-même et de ces usages.
L’enseignement s’appuiera sur plusieurs thématiques exploratoires :
- L’expérience de l’existant comme préalable à tout acte de transformation avec l’identification de ses multiples formes de ressources (matérielles et immatérielles). L’apprentissage des modes de représentations liés à la conceptualisation et la formalisation du projet urbain et ce, à différentes échelles.
- La constitution de l’espace public comme réponse première aux défis qui conditionnent le futur de la métropole (construction de la vie en commun et de la civilité, continuité et cohésion des territoires, accueil et disponibilité pour des usages en constante mutation).
-L’évolution des tissus urbains dans les nouvelles conditions de renouvellement et écologique.
- les impératifs environnementaux et bas carbone dans la conception urbaine et architecturale.
-La prise en compte du temps avec la définition simultanée d’un projet et d’une démarche capables d’intégrer les incertitudes, et, in fine, d’atteindre les objectifs qui ont été fixés au départ.
3- Déroulé
Le semestre est structuré en 4 grandes étapes, 3 étapes faisant chacune l’objet d’une restitution lors d’un jury commun regroupant les enseignants précités.
SEQUENCE 1 – Semaine intensive et inaugurale : Immersion, décryptage, situations
Réalisée par groupe de 2 à 3 étudiants, cette étape intensive s’appuie sur l’analyse et la compréhension de l’espace de la voie (voie et tissu bordier) à aux échelles du tracé et des situations de projet désignées par les enseignants. Elle vise à faire émerger les spécificités et les caractéristiques fondamentales du territoire d’étude. Il suppose l’arpentage du territoire (approche sensible) et un travail d’analyse qui renforce les acquisitions de la L3 (S5 et surtout S6).
Lancement le lundi 20 et restitution le vendredi 24
- Visite de site avec les enseignants
- Analyse thématique et sensible par petit groupe
Représentations privilégiées : cartographie, photographie, croquis, isométries etc..
SEQUENCE 2 - Situations de projet - Expertise et principes d'évolution- Structure d'ensemble (5 semaines)
Elaboré par groupe de 2 à 3 étudiants, l’expertise est développée à l’échelle de chaque situation pour faire émerger de manière argumentée les principes de mutation du tissu urbain : un projet d’espace public et les intentions architecturales et urbaines des parcelles et édifices considérés « mutables ». Le travail se déclinera :
Une prospective synthétique et problématisée
- Un corpus : les formes de la route : inventaire situé et références savantes
- Un état des lieux sensible désignant les potentiels de mutabilité, de patrimoine, de recyclage, les matières ressources architecturales et paysagères pour la conception du tissu
- Des intentions de projet= Schéma de principe=Figure armature espace public
- Les principes des dispositifs urbains et architecturaux communs : alignement, distribution, stationnement, morphologie d'ensemble, ordres architecturaux et constructifs ; types et schéma spatial
Il se conclura par définition des parcelles / terrains prototypes ou exemplaires du projet dont le développement architectural sera mené séquence 3.
Jury intermédiaire 1
Synthèse des analyse et validation générale des 'terrains' et des hypothèses de formation/ renouvellement du tissu-
Représentations privilégiées : Dessins d’architecture, cartographie, photographie, corpus de références, maquette conceptuelle des intentions
Echelles : 1/5000 à 1/1000
SEQUENCE 3 - Principes architecturaux et urbains du tissu urbain. Parcelle «test' (5 semaines)
Après la finalisation de la structure d'ensemble du petit projet urbain et de la validation des dispositifs urbains, architecturaux et paysagers communs au tissu urbain (alignement, distribution, stationnement, morphologie d'ensemble, ordres architecturaux et constructifs…), le travail sera ciblé sur une parcelle « prototype » à l’échelle architecturale. Il s’agira de tester au 1/500 et 1/200 les dispositifs définis préalablement. Ce travail exploratoire et « théorique » de prototype sera confronté en fin de séquence à les éventuelles et probables déformations que l’application contextualisée fera émerger.
Etabli dans la mesure du possible en individuel, chaque situation aura donc exploré environ 3 parcelles prototype.
Exercice théorique à l'échelle des parcelles prototypes : plans, coupes et maquette Finalisation exercice théorique et application contextualisé e
Jury intermédiaire 2
Représentations privilégiées : Dessins d’architecture plans coupes, isométries, maquette
Echelle : 1/500 à 1/200
SEQUENCE 4 - Développement architectural et rendu : l'architecture et les lieux du tissu urbain (5 semaines)
Cette dernière séquence finalise les études architecturales du tissu avec assemblage et variation
- Approfondissement architectural des éléments essentiels du tissu : les grands lieux, la distribution, les ordres architecturaux majeurs : le RDC etc….
- Assemblage des maquettes de toutes les parcelles prototypes : l'avenue 'compressée'
- Finalisation et rendu
Echelle : 1/500, 1/200 et 1/50