DE ECOLOGIES
S7 Projet | Pierre et Terre : expérimentations durables
Le matériau est un déterminant majeur du projet architectural. Chaque matériau, dans sa fonction structurelle, a une influence sur la forme architecturale et sur la définition de l’espace. Cet enseignement ambitionne de « partir du matériau » pour explorer le projet en approfondissant ses caractéristiques techniques et environnementales et tout particulièrement le dessin de sa mise en œuvre. Cet approfondissement permettra aux étudiants de progresser dans leur capacité à aborder le projet architectural et urbain.
Simultanément, par le focus particulier que proposent les enseignants sur la pierre et la terre, matériaux « géo sourcés », dit premiers, qui demandent peu de transformation, à faible énergie, cet approfondissement permettra de s’interroger sur les enjeux environnementaux du projet et l’impact écologique de sa construction. Quelques soient les choix urbains, architecturaux, constructifs que l’étudiant sera amené à faire dans la conception de son projet, cet enseignement veut lui permettre, par une « certaine mesure », une prise de conscience du « Bilan Carbone » vers lequel conduisent ses choix de projet.
Ces matériaux traditionnels, qui avaient quasiment disparu, sont aujourd’hui reconsidérés pour leur qualité thermique et leur faible impact environnemental :
- La pierre est un matériau antique qui a parcouru les siècles et qui était encore utilisé de façon structurelle dans les années soixante. A partir de cette époque son usage a disparu progressivement du champ de préoccupation des architectes et des entreprises. Si elle a continué à être utilisée en parement pour de nombreux bâtiments son utilisation structurelle a été quasiment abandonnée. Son « retour » est dû en premier lieu au développement, durant les années quatre-vingt, des aménagements d’espaces publics en France qui ont permis sa redécouverte pour de nombreux concepteurs, et plus récemment aux préoccupations environnementales. La pierre est un matériau économe en carbone et son utilisation très favorable en termes de « bilan-carbone » des constructions. Les méthodes d’extraction et de découpe ont fortement évoluées ce qui contribue à baisser son coût de fourniture. On peut considérer de façon paradoxale la pierre comme un « matériau d’avenir » qui jouit également d’une forte valeur symbolique.
- La terre, à partir des expériences menées par Martin Rauch dans le Vorarlerg (Autriche), et des nombreuses études conduites par des organismes de recherches (CRATerre à l’ENSA LYON en particulier), commence à prendre place dans la construction d’une architecture contemporaine géo sourcée, démontrant son intérêt et son efficacité, disponible in situ en grande quantité. Un récent article du journal « Le Monde » rappelle que « la terre crue n’est pas inconnue en France : dans toutes les campagnes, on a longtemps construit en pisé dans le Sud-Est, en torchis dans le Nord-Est, en bauge dans l’Ouest… Mais après-guerre, la généralisation de modes de construction industrialisés a fait disparaître ce savoir-faire. Pourquoi le relancer aujourd’hui ? ». L’article cite l’architecte Paul-Emmanuel Loiret : « On est sur un alignement de planètes favorable : les métropoles exigent de plus en plus l’emploi de matériaux naturels et croulent sous les déblais de terre. Dans le Grand Paris, les chantiers de construction génèrent 30 millions de tonnes de terre chaque année ; le creusement du Grand Paris Express va y ajouter 43 millions de tonnes au total »
La dominante de cet enseignement est l’étude de projets explorant les possibilités techniques, architecturales et urbaines des matériaux en développant la connaissance de sa production et de son usage contemporain et écologique.