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  • S8-S2 PREPARATION A LA RECHERCHE

DE4-(DE5-DE6) : Lire le monde, projeter l'espace, imaginer les lieux - L Legendre, M. Bouali, F. Delaunay, J. Morawska, M. Levi

Semestre 8

Enseignant(s) : Justyna Morawska, Michel Levi, Dragoslav Mirkovic, Léonard Legendre, Henri Herre - Parant, Antonella di Trani, Fanny Delaunay, Mounia Bouali

  • Année : 4
  • Semestre : 8
  • E.C.T.S : 7
  • Coefficient : 8,00
  • Compensable : oui
  • Stage : non
  • Session de rattrapage : oui
  • Mode : option
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

LIRE LE MONDE - PROJETER L’ESPACE - IMAGINER LES LIEUX

Coordination : Léo Legendre, Mounia Bouali, Fanny Delaunay et Michel Lévi

 

Mounia Bouali-Messahel - Fanny Delaunay - Antonella Di Trani - Henri Herré - Léo Legendre - Michel Lévi - Dragoslav Mirkovic - Justyna Morawska

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S7 CULTURE GLOBALE, CULTURES LOCALES EN ARCHITECTURE ET EN URBANISME

Initiation à la recherche - méthodologie du mémoire

 

S8 VILLE, ARCHITECTURE, CINEMA ET BANDE DESSINEE

Problématisation de la recherche - début de rédaction du mémoire

 

S9 Finalisation du mémoire

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Toute société pense le monde et se pense dans le monde. Usant de différents modes d'expression (gestes, mémoire, symboles et sens), toute société s'organise, se structure, s'exprime. Elle s'exprime par le langage, celui de la voix et celui du corps, mais aussi par la littérature, la peinture, le cinéma, la cuisine, le vêtement... et bien sûr l'architecture. Si l’on suit Émile Durkheim, l’organisation de la société se communique naturellement à l’espace qu’elle occupe. Et donc à l'espace, aux espaces qu'elle se construit.

 

Lire le spatial, c'est lire le social. Écrire l'espace, c'est faire société.

 

L'architecture est regard, elle projette le monde à venir, elle procède du dessin et dessiner, on le sait, c'est écrire. L'architecture est donc affaire de représentations. C'est pourquoi les deux volets de ce séminaire exploreront successivement deux aspects de cette question des représentations :

 

- Le premier (S7) s’intéressera aux représentations mentales, expression de toute culture, il focalisera sur les atouts et les limites de la globalisation, la résurgence du local, les enjeux et les interactions des emboîtements d’échelle.

- Le second (S8) s’intéressera aux représentations graphiques de l’espace architectural et urbain, aux bénéfices des outils (film, storyboard, BD) comme outils d'analyse, comme dispositifs de communication mais aussi comme instruments de projet, lui-même pensé comme proposition de lieux.

 

L’objectif premier de ce séminaire est de former l’étudiant à adopter une attitude critique, à décentrer son regard et l’aider à se construire sa propre posture d’architecte. Le second objectif est d’aider l’étudiant à formuler et à présenter publiquement une problématique de recherche puis à l’accompagner dans la rédaction de son mémoire de Master 2. Ce séminaire est articulé aux travaux et problématiques de recherche des deux laboratoires de l’école (EVCAU et CRH), les étudiants pouvant participer à toutes les journées d’étude publiques. Le séminaire peut par ailleurs conduire au PFE mention Recherche, il favorise l’évolution vers la thèse en architecture.

Contenu

S8 Ville, architecture, cinéma et bande dessinée

 

Coordination : Léo Legendre et Michel Lévi

 

Antonella Di Trani - Léo Legendre - Michel Lévi - Dragoslav Mirkovic - Justyna Morawska

 

 

C’est principalement par le cinéma que nous connaissons et partageons le réel des villes, même celles dans lesquelles nous vivons. Par le cinéma, nous découvrons plus de villes que nous n’en visiterons jamais. Nous connaissons des villes que nous n'avons jamais vues. Nous apprenons à découvrir des villes que nous connaissons déjà. Nous avons en mémoire des villes qui n'existent pas.

RAYNAUD Michel Max (2010), Cinéma et sens de la ville - La ville idéelle

 

Le cinéma est aujourd'hui l'un des médias les plus populaires. Étonnamment, il est peu étudié en école d'architecture et encore moins utilisé comme outil d'analyse, de conception ou de communication du projet. C'est en partie pour remédier à ce constat que nous proposons ce séminaire. En effet, que nous soyons spectateur ou concepteur, le cinéma est devenu un modèle de l’apprentissage, de l'analyse mais aussi de la pratique de l’espace. N'oublions pas que les villes, réelles ou fictives, existent avant tout dans notre imaginaire.

 

Inventés presque au même moment, à l'époque où se développent les grandes métropoles (et au moment où apparait la psychanalyse), le cinéma et la bande dessinée offrent une traduction de nos modes d'expression, de nos représentations et de nos codes, qui eux-mêmes conditionnent nos modes d'habiter. Accompagnant l'urbanisation progressive du monde, le cinéma est, comme la BD, une culture de la ville.

 

Et si le film met en scène (plus ou moins fidèlement) la ville, la métropole contemporaine est parfois aussi pensée, vécue et projetée comme un miroir du cinéma.

 

Car l'architecture, qui s'est longtemps nourrie de la littérature, de la peinture ou de la musique, est aujourd'hui grandement influencée par le cinéma qui lui-même a largement façonné l'imaginaire collectif. Ce qui a indubitablement modifié notre pensée sur l'espace autant que notre façon de nous y projeter ou de nous y mouvoir. L'image en mouvement a permis de capter les déplacements de l'homme et donc sa vision du monde. C'est pourquoi, au plan des représentations, la projection (du film) entretient d'étroites relations avec l'architecture comme projection de l'espace.

 

Au cinéma, l’œil est fixe et le spectacle en mouvement, mais le mouvement créé par le réalisateur est une construction organisée selon des codes et des techniques, intéressants à déchiffrer. Le mouvement perçu par le spectateur est conditionné par sa mémoire, en lien direct avec sa culture, ses conduites et avec l’expérience de son corps. En effet, sauf pour les documentaires, le film ne reproduit pas le réel, il l’invente et lui donne un sens qui est ensuite déchiffré par le spectateur.

 

Comme le rappelle Michel Max Raynaud, le cinéma recouvre une série de réalités qui toutes ensemble définissent la réalité du film, mais qu’il suffit de séparer pour s’en approprier un aspect et le traiter comme un tout :

 

1/ Le cinéma est une forme de récit, on peut donc s’intéresser à sa seule narration et le traiter comme une œuvre littéraire.

2/ Le cinéma est une technique de prise de vues, de mise en scène et de montage, on peut en déduire un langage, une sémiologie.

3/ Le cinéma est une photographie, on peut le voir comme un pur prélèvement du réel.

4/ Le cinéma est un spectacle populaire et de nature urbaine, on peut se contenter d’en faire un fait sociologique.

 

Au contraire du cinéma où les images défilent devant le spectateur, les unités que forment les cases d'une bande dessinée sont immobiles, elles sont simultanées, corrélées et panoptiques, donnant à ce médium un état 'sériel' (Yves Lacroix, 1991 : 87). Les vignettes n'y sont pas mises 'en chaîne' comme au cinéma, mais mises 'en réseau'.

 

Le cinéma possède aujourd'hui une longue histoire et la captation sur pellicule d'époques aujourd'hui révolues nous offre des clés pour lire la mémoire de la ville et de son patrimoine. La construction et les pratiques de l'espace, les représentations collectives et la sociologie urbaine s'y expriment en permanence et l'abondance de films à notre disposition nous permet d'étudier l'évolution de la ville, dans sa configuration spatiale, ses formes symboliques et ses usages. Il suffit de penser aux espaces publics des films de Truffaut, de Godard ou de Clouzot pour constater les importantes transformations de ses aménagements mais aussi de ses pratiques individuelles et collectives, des mouvements des corps et des interactions sociales. Ce qu'a pu montrer Mathilde Dewavrin dans son mémoire de Master Berlin par le prisme du cinéma : la mobilité urbaine mise en scène (ENSAPVS, 2017).

 

Les bénéfices de la thématique de ce séminaire se veulent pluriels. Au-delà du vocabulaire partagé (plan, cadrage, tableau, séquence, raccord...), architectes, réalisateurs et dessinateurs partagent bien des choses : le réel du monde, la pensée de l'ensemble et du détail (même si l'architecte va en général de l'ensemble au détail et le cinéaste du fragment à l'ensemble), le fait que l'architecture comme le cinéma et la BD ont des destinataires, usagers spectateurs ou lecteurs, d'abord virtuels, ensuite réels...

 

L'étude des techniques cinématographiques permet aussi bien la lecture de l'espace diégétique (et donc la perception des lieux) que l'écriture architecturale, que ce soit par l'utilisation du storyboard dans la mise en place de parcours scénographiques, par le choix des points de vue, la maîtrise des cadrages, le découpage, la gestion de la lumière, la prise en compte du contre-champ ou du hors-champ, l'utilisation du plan de coupe, de la contre-plongée ou de l'effet traveling...

 

Ce sont ces va-et-vient qui animeront le séminaire :

 

- présentation du vocabulaire et des techniques de prise de vue

- apprentissage progressif d'une lecture architecturale des films,

- analyse de bandes dessinées

- restitutions collectives et individuelles d'analyses (films et BD) autour de thèmes précis (plan, couleur, cadrage, échelle, transparence, reflet, parcours, mouvements de caméra, profondeur de champ, zoom, raccords, rythme, hors-champ, son, etc.)

Travaux

Chaque séance sera organisée avec un exposé de l’équipe enseignante, un exposé d’un(e) ou de plusieurs invité(e)s et un exposé des étudiants.

 

La présence à toutes les séances est obligatoire.

Bibliographie

S8 Ville, architecture, cinéma et bande dessinée

 

OUVRAGES

 

BARILLET Juliet, HEITZ Françoise, LOUGUET Patrick, VIENNE Patrick (2005), La ville au cinéma, Arras, Artois Presses Université, collection « Cinémas », 252 p

BAZIN André (1976), Qu’est-ce que le cinéma ?, Paris, Cerf, 384 p.

BOBROWSKI Thomas (2014), Architecture, urbanisme et cinéma ou la ville mise en scène: Critique architecturale et urbaine par le cinéma de fiction, Editions Universitaires Européennes, 128 p.

BRESSON Robert (1977), Notes sur le cinématographe, Paris, Folio, 138 p.

COLLECTIF (2009) La bande dessinée - Art reconnu, média méconnu, Hermès n°54, Paris CNRS éditions, 269 P.

DELEUZE Gilles (1983), L’image-mouvement. Cinéma 1, Paris, Les Editions de Minuit, 286 p.

DELEUZE Gilles (1985), L’image-temps. Cinéma 2, Paris, Les Editions de Minuit, 384 p.

DROIN Nicolas et FORRET Mélanie (2022) Ecrire la ville au cinéma, Presses Universitaires de Vincennes, 144 p.

ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D'ARCHITECTURE DE PARIS MALAQUAIS (2015) Architecture et cinéma [les Conférences de Malaquais 3], Paris, 11 mars-2 décembre 2010]. Gollion, INFOLIO, 528 p.

FRESNAULT-DERUELLE Pierre (1972) La bande dessinée : essai d'analyse sémiotique , Paris, Hachette 188 p.

FRESNAULT-DERUELLE Pierre (2009) La bande dessinée, Paris, Armand Colin [série 128], 138 p.

GARDIES André (1993) Le récit filmique. Paris : Hachette, p. 160

GARDIES André (1993) L’espace au cinéma. Paris : Meridiens-Klincksieck, p. 222

GAUDIN Antoire (2015), L’espace cinématographique : Esthétique et dramaturgie, Malakoff, Armand Colin, 216 p.

GOLIOT-LETE Anne (coord.) (2005) Le film architecte. Université de Lille, Paris : L’Harmattan, 238 p.

GOLIOT-LETE Anne et VANOYE Francis (2015), Précis d'analyse filmique (4° édition), Paris, Armand Colin, 175 p.

GROENSTEEN Thierry (2020) (sous la dir.) Le bouquin de la bande dessinée, Paris, Robert Laffont, 1691 p.

GROENSTEEN Thierry (1999) Système de la bande dessinée, Paris, PUF, 224 p.

JACOBS Steven (2007) The Wrong House: The Architecture of Alfred Hitchcock. Rotterdam: NAI Publishers, 344 p.

JOST François et PERRATON Charles (2003), Un nouvel art de voir la ville et de faire du cinéma, du cinéma et des restes urbains, Paris, l’Harmattan, 272p.

JOUSSE Thierry et PAQUOT Thierry (2007) La ville au cinéma. Paris : Cahiers du Cinéma, p. 896

JULLIER Laurent (2012), Analyser un film - De l'émotion à l'interprétation, Paris, Flammarion [Champs Art], 432 p.

LAGUARDA Alice (2016) Des films et des maisons - La périlleuse trajectoire de l'homme vers son humanité, Aix en Provence, Rouge Profond, 284 p.

MAGNY Joël (2001), Le point de vue de la vision du cinéaste au regard du spectateur, Paris, Éditions de l’Étoile, Les Cahiers du cinéma (Collection Les petits Cahiers), 96 p.

MARTIN Marcel (2001) Le langage cinématographique. Paris : Le Cerf, 323 p.

MONS Alain (2013) Les lieux du sensible - Villes, hommes, images, Paris, CNRS EDitions, 259 p.

PALLASMAA Juhani (2001), The Architecture of Image - Existential Space in Cinema, Helsinski, Rakennustieto, 183 p.

PEETERS (Benoit (2010) Lire la bande dessinée, Paris, Flammarion [Champs art], 192 p.

RAYNAUD Michel Max (2010), Cinéma et sens de la ville La ville idéelle, Thèse présentée à la Faculté des études supérieures en vue de l'obtention du grade de Ph.D. en Aménagement, Université de Montréal, 332 p.

SIETY Emmanuel (2001), Le plan au commencement du cinéma, Paris, Éditions de l’Étoile, Les Cahiers du cinéma (Collection Les petits Cahiers), 96 p.

SIMOND Clothilde, PAVIOL Sophie (2009), Cinéma et architecture : la relève de l’art, Lyon, Aléas, 283 p.

THEVENET Jean-Marc et RAMBERT Francis (sous la dir.) (2010) Archi et BD - La ville dessinée, catalogue de l'exposition à la Cité de l'Architecture (9 juin 2010-2 janvier 2011), Paris, Cité de l'architecture et du patrimoine, 256 p.

VALLET Yannick (2016), La grammaire du cinéma - De l'écriture au montage : les techniques du langage filmé, Paris, Armand Colin, 192 p.

VILLAIN Dominique (1984), Le cadrage au cinéma, L’œil à là caméra, Paris, Éditions de l’Étoile, Les Cahiers du cinéma (Collection Les petits Cahiers), 165p.

ZIZEK Slavoj (2013), Lacrima Rerum - Essais sur Kieslowski, Hitchcock, Tarkovski, Lynch et quelques autres, Paris Editions Amsterdam, 311 p.

 

ARTICLES

 

ALBERA François (2016), « Habiter un plan au cinéma », in Sens dessus-dessous [en ligne] 2016/1 n°17, Habiter, pp. 135-147, mise en ligne le 16 mars 2013, disponible sur www.cairn.info/revue-sens-dessous-2016-1-page-135.htm

FABRE Xavier et GUERIN Philippe (2013), « Toute architecture est un cadrage du mouvement » in Repères, cahier de danse 2006/2 (n°18),, Entretien avec Xavier Fabre, architecte, et Philippe Guérin, peintre et architecte, pages 16-17, mis en ligne le 01 février 2013, disponible sur www.cairn.info/revue- reperes-cahier-de-danse-2006-2-page-16.htm.

GAUDIN Antoine (2015), « L’image-espace : propositions théoriques pour la prise en compte d’un 'espace circulant' dans les images de cinéma » in Miranda, n°10, 2014 [mis en ligne le 23 février 2015, consulté le 13 septembre 2017]. Disponible sur miranda.revues.org/6216 ; DOI : 10.4000/miranda.6216

LACROIX Yves (1991) « Les lieux de la bande dessinée : trois planches exemplaires d'Andreas Martens », in Protée vol 19 n°1, hiver 1991, Narratologies : Etat des lieux pp. 85-92

PAVIOL Sophie et KUBOVA Alena (2007) « Vidéo/Architecture. L'image en mouvement comme processus de projet. Bratislava »,[rapport de recherche] AAP-2004-PAV, Ministère de la Culture et de la Communication / Bureau de la recherche (BRAUP), Institut National d'Histoire de l'Art (INHA), Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Grenoble, Laboratoires des Métiers de l'Histoire de l'Architecture (MHA), hal-01794277, 71 pages

SORLIN Pierre (1999), « La Ville peut-elle être une scène ? Cinéma et urbanisme », in Les Annales de la recherche urbaine (n°85), p. 71-77

 

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Pour la préparation du mémoire :

 

BEAUD, Michel, L'art de la thèse, édition la Découverte, 2006

BEYHUM, Nabil, FIJALKOW, Yankel, LEGENDRE, Léo, 15 conseils pour le mémoire en architecture, ENSAPVS, EVCAU, CRH, 2022

VERDIER, Thierry, Guide pour la rédaction du Mémoire en architecture, éditions de l'Espérou, 2009