Problématiques et contenus du séminaire :
Penser la métropole : C’est se souvenir qu’« en ancrant la collectivité dans le territoire, comme nous dit Aldo Rossi, la civilisation a inventé ses deux plus beaux concepts : Dieu et la Ville. A savoir l’idéal absolu et la recherche de son expression terrestre : « la chose humaine par excellence»(1). C’est avoir présent à l’esprit les questions fondamentales de l’époque que nous révèlent des anthropologues ou architectes : la prise de conscience de notre fragilité par rapport à la nature, la fragilité de notre culture, que la sensibilité écologique a révélée et la révolution numérique qui induit un nouveau rapport au temps et un nouveau rapport entre les individus (2). C’est comprendre que la ville est le corrélât de la route(3), que le centre n’est plus en mesure de jouer son rôle traditionnel et que l’ex-périphérie est devenue la « ville » elle-même, que les villes sont en compétition les unes avec les autres, qu’elles sont coextensives aux territoires nés de logiques partielles et concurrentes, densifiées selon des critères économiques, techniques et fiscaux. Et, que le territoire n’est plus pensé en termes de surfaces mais de points terminaux.C’est prendre la mesure du discontinu et de l’hétérogène qui rendent les concepts d’harmonie périmée(4).
Une fois ces questions reconnues : « Comment dépasser les propositions d’aménagement qui tiennent davantage : de la posture cynique (sublimer le chaos), du conformisme (prolonger les modèles urbains des XVIII et XIX) ou du fantasme (invoquer la nature salvatrice) ?» dont parle David Mangin(5). Des énoncés théoriques tels que ceux de Jacques Lucan(6) peuvent-ils nous venir en aide ? : « Faut-il penser la régularité en observant méticuleusement des notions de hiérarchie ? Faut-il penser l’irrégularité à la recherche de formes d’équilibre ? Faut-il penser la neutralité et faire place au sans fin ? Faut-il penser l’interdépendance et se pencher sur la texture, sur l’organicité des choses ? »
Quelles questions de méthodes retenir : Si « Le collage, la théorie des fractales en physique, le cinéma, est aujourd’hui fréquemment invoqué pour décrire l’urbanisation supposée incontrôlée, générique et donc « indescriptible » par la cartographie et l’analyse spatiale. (…) Lorsqu’il s’agit de travailler in situ, il devient difficile de s’abstraire des dynamiques foncières et financières qui produisent (la ville). » Il faut alors dit David Mangin(7) « des outils disciplinaires spécifiques pour mesurer. »
Notre séminaire cherche à apporter des éléments de réponses à toutes ces questions notamment en testant les outils de l’analyse urbaine apparus en Italie, en Espagne et en France (Tracés voieries, découpages, règles d’édification, rapports public/privé) sans oublier les approches anglo-saxonne.
(1) Aldo ROSSI in L’architecture de la ville.
(2) Philippe MADEC in Exit.
(3) Gilles DELEUZE in Mille plateaux.
(4) André CORBOZ in Sortons enfin du labyrinthe – « Le pendule de profil- Comment
penser la mutation » pp. 51-61
(5) David MANGIN in La ville franchisée.
(6) Jacques LUCAN in Composition non composition.
(7) David MANGIN in opus cité