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  • S8-P2 PROJET ARCHITECTURAL ET URBAIN

DE 2 : Repair, reworld - Marion Howa

Semestre 8

Enseignant(s) : Marion Howa, Francesca Contrada, Antonella di Trani, Emmanuelle Bouyer

  • Année : 4
  • Semestre : 8
  • E.C.T.S : 13
  • Coefficient : 5,00
  • Compensable : non
  • Stage : non
  • Session de rattrapage : non
  • Mode : option
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

REPAIR, REWORLD

 

@repair_reworld

repairreworld@gmail.com

 

Enseignantes : Marion Howa, TPCAU (responsable) ; Emmanuelle Bouyer, ATR ; Antonella Di Trani, SHS ; Francesca Contrada, STA.

 

 

Présentation de l’atelier :

 

L’atelier REPAIR-REWORLD propose de s’exercer aux approches contemporaines non destructives en architecture. Il invite à mobiliser toute l’ingéniosité du métier à ne plus démolir, à construire moins et inventer des protocoles de réparation et de soin de nos édifices et nos environnements. Pour mobiliser les étudiant.es sur des pratiques architecturales qui les engage dans la société, l’atelier propose une pédagogie de l’action dans des contextes populaires ou critiques. Se confronter au réel des milieux habités implique dès lors d’expérimenter des processus de conception plus inclusifs, ouverts et à l’écoute, critiques et économes. L’objectif est d’inviter les futur.es architectes à se construire un point de vue personnel et critique en relation au monde contemporain et à venir.

 

En particulier, l’atelier s’inscrit dans les mouvements d’écologie populaire. Cette perspective envisage les questions d'écologie et de justice sociale comme indissociables. Elle s’intéresse aux territoires de résistances face au mode de production architecturale de l’anthropocène. En contexte métropolitain, de multiples espaces contestataires et ordinaires ouvrent des sujets contemporains d’architecture aussi divers que : la liberté de circulation et d’installation, les informalités urbaines et architecturales, les pratiques agricoles et de subsistance, les savoirs d’autoconstruction et vernaculaires, les communautés habitantes à l’œuvre, les expériences de régénération écologique et de dépollution autogérée, les pratiques de care, les productions d’architectures mineures, les luttes contre des grands projets d’aménagement, la souveraineté technique du low tech, les occupations citoyennes. Ces processus actifs hétérogènes peuvent s’interpréter comme arts de résistance écologique, entre mobilisations sociales et transformations à bas bruit. L’atelier propose ainsi un enseignement de l’écologie en architecture depuis les marges. En assumant que les enjeux d’écologie et de démocratie vont de pair, il a pour but de repenser en architecture des formes d’écologie politique pour tous.

 

Les territoires d’étude proposés dans cet atelier sont appelés « situations critiques ». Elles consistent en des lieux à priori regardés pour leur désagrément mais qu’il devient crucial de documenter et transformer à partir de leurs ressources. Qu’il s’agisse de quartiers populaires, de marges urbaines, périphéries, ou encore des friches, squats, structures abandonnées ou habitats informels, l’intérêt pédagogique de travailler sur et avec les situations critiques, pour un.e architecte, est d’interagir en résonnance avec des lieux où se joue le droit à la ville en actes. Dans ces situations, documenter (forensic) et transformer la réalité vont de pair. Dès lors, une intervention architecturale ne peut plus être prédéterminée en amont mais part de la spécificité, complexité et hétérogénéité de la réalité des terrains rencontrés. En outre, le processus de conception ne vise plus à produire des objets finis ou sculpturaux, mais consiste en un processus de conception ouvert et ascendant. La pratique du projet organise des interventions architecturales comme des dispositifs singuliers et collaboratifs, possiblement évolutifs ou altérable à moyen et long terme.

 

Résolument pragmatiste, une telle pratique processuelle de conception s’inscrit en interdisciplinarité à la croisée des sciences de la construction, du champ artistique contemporain et des sciences humaines et sociales (anthropologie, sociologie, philosophie).

 

 

Objectifs :

 

_Apprendre la conception architecturale de manière holistique en reliant des savoirs transversaux : processus de création, cheminement philosophique et politique.

_Aiguiser son point de vue critique sur des problèmes contemporains de société par des tactiques de décentrement.

_Produire du savoir à partir d’une expérience réelle, dans la conception et dans la mise en œuvre.

_ S’impliquer dans une rencontre et être en capacité de négocier avec les acteurs d’un lieu. Construire un processus de projet à l’épreuve de l’altérité et de la réalité.

_Se responsabiliser dans la production de connaissance, engager une démarche réflexive sur les actions menées. Parvenir à l’auto-évaluation de ses limites et de ses besoins.

_Expérimenter des dispositifs d’autogestion d’atelier.

_Mobiliser outils, méthodes et théories pour appareiller et consolider une démarche expérimentale personnelle afin de la rendre publique.

_Participer à la construction d’un savoir propre au groupe REPAIR-REWORLD.

 

 

Mots-clés :

 

Immersion, rencontre, praticien-réflexif, négociation, approche coopérative, communautés habitantes, architecture processuelle.

Contenu

Thème : ARCHITECTURES DES ÉCOLOGIES PIRATES

 

Dans son ouvrage, Pour une écologie pirate, la politologue Fatima Ouassak propose un projet écologique, initié depuis les quartiers populaires, aspirant à la liberté pour tous. Reprenant cette perspective, l’atelier propose aux étudiant.es un décentrement. Il les invite à s’immerger dans des contextes populaires autour de Paris où ont lieu des mobilisations et initiatives de transformations pirates de l’environnement portées par des communautés habitantes.

 

 

Sujet et site :

 

Dans le cadre des situations critiques posé par l’atelier, chaque étudiant.e choisi (seul.e ou en groupe) un site d’étude où ont lieu des modes d’action écologiques contestataires ou ordinaires.

Au plus proche de la réalité de ces situations, il.elle aborde l’architecture du point de vue de ceux qui y vivent. La rencontre est donc un acte central du processus de création. L’objectif du projet est d’abord de produire de la connaissance et de reconnaitre les processus architecturaux existants des écologies pirates ou informelles. Ensuite, de concevoir des dispositifs architecturaux spécifiques, ouverts et négociés à partir de la réalité existante, de ses ressources, de ses organisations. Le but du travail de projet est de stimuler et augmenter la complexité des situations et la capacité d’y vivre collectivement. Nécessairement, cette approche engage les architectes dans des expérimentations collaboratives.

 

Calendrier :

 

_Acte 1 : Les étudiant.es s’engagent dans un processus de création en partant en immersion dans leur site d’étude. Via les méthodes de la permanence architecturale, ils.elles rencontrent les acteurs des lieux et participent à leur quotidien, sur une durée suffisamment opérante pour construire des liens de familiarité et de formation réciproque. Via des protocoles personnels de conception graphique, l’exploration in situ induit la production de documents divers : travaux en cours, travaux de recherche et de conception. Dans une démarche de pistage, les étudiant.es investissent des démarches singulières de captation, de collecte, d’inventaire, de classement, leur permettant de conduire le plus loin possible les pistes de réflexion où rien n’est exclu a priori. Ils.elles pratiquent ainsi le projet par l’enquête de conception.

 

_Acte 2 : De retour dans l’atelier, le processus de création se poursuit en précisant les positionnements théoriques, les hypothèses de projet et l’élaboration de scénarios d’intervention architecturales. Ce temps de réagencement projectuel des données produites depuis l’expérience vécue s’apparente à travail de montage, de mise en récit, ou de mise en diagramme de la réflexion en cours.

 

_Acte 3 : Le troisième temps consiste en un travail réflexif de production collective dans le but de produire d’une part une exposition et d’autre part une publication d’atelier. Il est question de faire évoluer la posture de l’apprentissage vers celle du partage, et de parvenir à porter le débat sur les problématiques abordées dans les projets des étudiant.es. Ce passage du projet à la monstration est un temps de production réflexive, qui traverse la question de savoir comment une expérience esthétique d’une scénographie ou d’un livre peut au conduire politique.

 

Méthode, outils et protocoles de conception :

 

Primo, les outils graphiques de conception sont utilisés comme des outils sociotechniques. Ils sont particulièrement mobilisés pour mettre en visibilité des faits observés, de la connaissance à la reconnaissance des processus architecturaux étudiés. Les étudiant.es pourront expérimenter divers protocoles, précis et indéterminés, justifiés par les sujets qu’ils.elles abordent, notamment :

_Le dessin technique descriptif, constructif et prescriptif : techniques de relevé, coupes itératives, transects, diagrammes, inventaires, échantillonnages, catégorisations, cartographies.

_Les protocoles vidéo (plan fixe, travelling avant, splitscreen, polyptiques) et protocoles photographiques (sérialité, image-document).

 

Deuxio, les outils collaboratifs du projet reprennent les méthodes de la permanence architecturale. Sur la durée d’immersion, les étudiant.es définissent et expérimentent des dispositifs coopératifs sur mesure. Non seulement ils.elles développent les apprentissages non formels de la relation avec les habitants qui transforment déjà les terrains dans lesquels ils s’insèrent. Mais ils.elles peuvent comprendre aussi, pour en avoir expérimenté empiriquement l’intérêt, l’enjeu de maintenir un lieu en devenir, autrement dit concevoir une architecture avant tout pour les possibilités d’épanouissement qu’elle offre à celleux qui y vivent.

 

Tercio, dans notre atelier, le « CLUB » est une association qui sert à ce que les étudiant.es organisent de manière autogérée les actions coopératives. Il se réunit en conseil, distribue des rôles (temporaires) et des responsabilités diverses avec des référents (publication, exposition, contact, bibliothèque d’atelier, compte rendus, blog, visites, invités d’atelier).

Travaux

Trois rendus notés dans le semestre sont prévus, avec un jury composé de plusieurs enseignants.

 

Travaux individuels attendus pour un rendu type, les étudiants produisent les documents suivants :

- confrontation de documents à différentes échelles : entre le détail et le système.

- production de dessins conventionnels descriptifs et prescriptifs (coupes, plans, axonométries programmatiques et constructive)

- approche diagrammatique des documents : séries, inventaires, cartographie, patterns

- productions de visuels : photographies, collages, photocollages, video, images d'ambiance (intérieur et extérieur)

- titre, problématique, texte d'intentions

- présentation orale sous forme de diaporama

 

Travaux collectifs de fin de semestre :

- réalisation d’une publication d’atelier.

- réalisation d’une exposition (dans l’école ou hors les murs)

Bibliographie

Ouvrages et articles :

 

ATELIER BOW-WOW, Architectural ethnography. 2017, Cambridge, Harvard University Press.

BAILLY Jean-Christophe, Ismaïl Bahri, instruments, 2017, Paris, Jeu de Paume.

CERTEAU Michel de, L’invention du quotidien, tome 1 : Arts de faire, 1990, Paris, Gallimard.

CHEROUX Clément, Vernaculaires, essais d’histoire de la photographie, 2013, Cherbourg, Le point du jour.

DIDI-HUBERMAN Georges, Survivance des lucioles, 2010, Paris, Éditions de minuit.

DIDI-HUBERMAN Georges, Tables de montage, regarder, recueillir, raconter, 2023, IMEC

DRUOT Frédéric, LACATON Anne, VASSAL Jean-Philippe, Plus : les grands ensembles de logements, 2004, Paris, Ministère de la culture et de la communication.

DUPERREX, Matthieu, La rivière et le bulldozer, 2022, Paris, Premier Parallèle.

FERDINAND Malcom, Une écologie décoloniale, 2019, Paris, Éditions du Seuil.

FRIEDMAN Yona, L’architecture de survie : une philosophie de la pauvreté, 2016, Paris, l’Éclat.

GOULET Patrice, HONDELATTE Jacques, Des gratte-ciels dans la tête, 2002, Paris, Norma.

HUTIN Christophe, Les communautés à l’œuvre, 2021, Paris : Carré.

INGOLD Tim, Faire : anthropologie, archéologie, art et architecture, 2017, Bellevaux, Dehors.

LASSUS Bernard, Jardins imaginaires : Les Habitants paysagistes, 1977, Paris, Presses de la Connaissance.

MORIZOT Baptiste, Manières d’être vivant, 2020, Paris, Actes Sud.

OUASSAK Fatima, Pour une écologie pirate, 2023, Paris, la Découverte.

PADDEU Flaminia, Sous les pavés, la terre : agricultures urbaines et résistances dans les métropoles, 2021, Paris, Seuil.

SAUZET Mathilde, « Mierle Laderman Ukeles : l’art de la maintenance », 2018, Strabic.fr

SPACE CAVIAR, Non-extractive architecture, 2021, Moscou, V-A-C Press.

STONER Jill, SALOOJEE Ozayr. “Repair-Reworld”, Architectures of refusal, 2022, Chichester, John Wiley et Sons.

ZASK Joelle, Écologie et démocratie, 2022, Paris, Premier Parallèle.

ZHONG MENGUAL Estelle, Apprendre à voir, Le point de vue du vivant, 2021, Arles, Actes sud.

 

Vidéographie :

 

AKERMAN Chantal, Jeanne Dielman 23, Quai Du Commerce, 1080 Bruxelles, 1975, 201 min.

DEPARDON Raymond, Profils paysans : L'approche, Le quotidien, La vie moderne, 2001, 93min, 85mn et 93min.

DIOP Alice, Nous, 2022, 114 min.

DURAS Marguerite, Les mains négatives, 1978, 14 min.

DURAS Marguerite, Le camion, 1977, 80 min.

GODARD Jean-Luc, Lettre à Freddy Buache, 1984, 10 mn.

REINERT Marie, Article 15, 2020, 40 min.

VARDA Agnès, Les glaneurs et la glaneuse, 2017, 40 min.

WENDERS Wim, Lisbon story, 1994, 200 min.

 

Liens URL :

 

Ismaïl Bahri, « Invisible Concern », Le Forum, Tokyo, URL : youtu.be/oJ0dDTX-ob8

Ismail Bahri, « Instruments » au Jeu de Paume, Paris, URL : youtu.be/QmxDjFw4y3Y

Francis Alÿs, URL : httpfrancisalys.com

Informations supplémentaires

Une collecte non exhaustive de références (projets construits, processus de chantier, références théoriques, documents graphiques) est rassemblée sur le compte instagram : @repair_reworld

 

Au fil les séances d'ateliers, un support de cours est présenté suivant différentes thématiques :

- Conception ouverte

- Praticien-réflexif contemporain

- Architectures mineures

- Mythogénèse et narration

- Architecture d'enquête

- Architecture des processus