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  • S7-P1 PROJET ARCHITECTURAL ET URBAIN

DE 4 : Infrastructures terrestres, Martigues et le golfe de Fos - Antoine Viger-Kohler, Antoine Barjon

Semestre 7

Enseignant(s) : Antoine Viger-Kohler, Margot Guislain, Anne-Laure Herry, Antoine Barjon

  • Année : 4
  • Semestre : 7
  • E.C.T.S : 14
  • Coefficient : 6,00
  • Compensable : non
  • Stage : non
  • Session de rattrapage : non
  • Mode : option
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

Infrastructures terrestres

 

Les villes côtières face au changement climatique

Martigues et le golfe de Fos-sur-Mer

 

L’équipe pédagogique est constituée, en vue d’un effectif d’environ 15 étudiants, de :

- Antoine Viger-Kohler, architecte DPLG, enseignant TPCAU (responsable)

- Antoine Barjon, architecte DPLG, enseignant TPCAU.

- Annie Tardivon, paysagiste, enseignante VT.

- Anne-Laure Herry, ingénieure, enseignante STA.

- Margot Guislain, journaliste.

 

Le contenu pédagogique de cet enseignement de projet pour le premier semestre du cycle de Master porte sur l’apprentissage du projet d'architecture à l’échelle du territoire.

 

Si l’on distingue en général l’architecture (l’édifice) et le contexte (l’étendue, l’environnement, la Terre), l’une faisant l’objet d’un projet et l’autre servant de toile de fond, cet enseignement propose plutôt de considérer ce contexte comme un sujet de conception en tant que tel.

 

L’architecture se présente alors comme l’art de concevoir et réaliser des projets à toutes les échelles et sur tous les objets de construction. Les édifices, bien sûr, mais aussi les sols, les voies, les réseaux, les infrastructures, les espaces publics, les territoires sont les sujets de l’architecture. Ainsi, les questions architecturales et disciplinaires sont rechargées par les problématiques complexes et changeantes issues des contextes.

 

La pédagogie dispensée au cours de ce semestre propose de simplifier les problématiques en les décomposant. Cela passe tout d’abord par l’apprentissage « des échelles » et de la façon d’opérer la reconnaissance de sujets et de problématiques architecturales spécifiques. Trois grands ensembles thématiques sont abordés par le projet : le sol, le temps et la ressource. Chacune à leur manière, ces notions interrogent les thématiques essentielles de l’architecture (site, programme, climat, matière, construction, intériorité et extériorité, usage, etc.).

 

 

La transformation du sol

 

La notion de sol est sans doute la plus absente de la pensée architecturale et de son enseignement.

Pourtant, la période moderne en a profondément modifié la structure si bien que le sol est aujourd’hui une interface centrale dans le fonctionnement de la « zone critique » (Bruno Latour) où se joue l’habitabilité de la Terre. L’aménagement des sols urbains a été en très grande partie dominé par une approche technique et fonctionnaliste qui suivait une logique infrastructurelle détachée des problématiques architecturales et paysagères.

 

L’enseignement du semestre s’attache à ce que les étudiant.e.s puissent retisser ensemble les deux logiques de l’infrastructure et de l’architecture afin de retrouver des outils pour penser et concevoir une architecture du sol urbain. Cette démarche conduit les étudiant.e.s à structurer leur réflexion sur les situations contemporaines les plus vives qui questionnent l’inconscient des infrastructures ; qu’elles soient rattrapées par l’urbanisation ou simplement frappées d’obsolescence.

 

Ce chemin conduit les étudiant.e.s à changer de paradigme pour repenser l’acte d’aménagement comme une transformation du sol utile aux êtres vivants, pour une écologie du sol devant altérer au minimum le fonctionnement de la zone critique planétaire. Il s’agit bien de considérer le sol, non plus uniquement comme une pellicule inerte mais comme un milieu vivant épais, tellurique et atmosphérique, animé de processus géologiques, pédologiques, hydrologiques, climatiques avec lesquels il s’agit d’œuvrer.

 

L’enseignement dispensé portera une attention nouvelle à l’espace public. D’abord parce que l’espace public apporte une part significative des réponses aux défis qui conditionnent le futur de nos villes : celles de la construction de la vie en commun et de la civilité, de la continuité et de la cohésion des territoires, de l’accueil et de la disponibilité pour des usages en constante mutation, de l’adaptation aux exigences climatiques et sanitaires, de la cohabitation entre usages humains et présence du vivant non-humain.

 

Mais aussi parce que l’espace public offre un terrain d’action propice au déploiement d’une pensée qui articule nécessairement permanence et impermanence. L’espace public est en prise avec de multiples enjeux culturels, sociétaux et techniques qui évoluent constamment. L’évolution des mobilités, le changement climatique, la place des femmes, l’informel, etc. conditionnent et réintérrogent en permanence l’usage et l’aménagement de ces espaces qui sont au centre de l’équilibre fragile de nos sociétés.

 

 

La prise en compte du temps

 

La notion de temps couvre toutes les dimensions de l’architecture. Il s’agira donc, avec les étudiant.e.s, de mettre en exergue la prise en compte du temps dans le projet pour développer une pensée de l’incertitude et de l’impermanence.

 

Travailler avec l’échelle de la ville ou du territoire suppose de mettre au point avec les étudiant.e.s des modes d’anticipation et d’inventer des modes de représentations où le futur n’est pas considéré comme un horizon immobile. Pour la conception de projets qui mobilisent le temps long, les étudiant.e.s seront amené.e.s à explorer des voies qui ne se focalisent pas sur l’état spatial « à terme » d’un territoire mais plutôt sur le chemin qui permet d’y conduire. Cela les oblige à inscrire leur action en commençant par la connaissance de l’état présent et sa généalogie (historique et géologique) mais aussi à explorer les modes de récit de l’urbanisme ; construire le futur étant intrinsèquement lié à la manière de le raconter.

 

 

La mobilisation de la ressource

 

A priori, la notion de ressource renvoie à l’échelle territoriale. Elle peut concerner la gestion de l’énergie, la qualité des sols, la circulation des déchets, la localisation des circuits alimentaires, les filières économiques et productives locales, etc. Elle permet de faire prendre conscience à l’étudiant·e de la nécessaire mise en place de nouvelles coalitions entre les forces organisatrices du territoire pour engager une transition vers des modèles de développement humain en lien avec la condition terrestre.

 

Mais cette thématique recharge également l’enseignement à l’échelle de l’édifice, par une approche qui prolonge et complète le socle culturel d’acquisitions fondamentales liées au type et à la forme en architecture.

 

La construction et plus globalement l’utilisation de la matière représente un levier d’action significatif pour agir sur la limitation des émissions anthropiques de gaz à effet de serre. Et, il est pour le moins inquiétant de constater, dans le monde professionnel, la manière dont ce sujet fait l’objet d’une approche réductrice, essentiellement technique ou technologique, déconnectée des enjeux spécifiquement architecturaux. Les étudiant·e·s seront amenés à déployer une approche climatique ambitieuse pour qu’elle soit au cœur du processus de conception du projet architectural. Cette approche implique de mobiliser les ressources culturelles dont nous disposons pour continuer à développer des formes et des types architecturaux économes en énergie et capables de connaître plusieurs vies. Penser l’économie de la Terre nous renvoie également à la nécessité de porter un intérêt renouvelé aux modes constructifs et à la matière que nous utilisons et transformons. Il est plus que jamais nécessaire que la pensée constructive ne soit pas détachée de l’enseignement du projet architectural.

Contenu

L’enseignement aura comme objet d’étude le territoire de la métropole de Marseille et plus spécifiquement Martigues, le golfe-de-Fos et les territoires qui s’y adossent. Il prolonge ainsi le cycle d’étude des villes côtières engagé en 2022-2023 à Dunkerque ; territoires à la fois attractifs et « en première ligne » des effets du dérèglement climatique.

 

 

Faire avec le réel

 

L’atelier de projet s’emploie à « faire avec le réel », considérant que la connaissance et l’interprétation du contexte est un préalable pour pouvoir agir sur la Terre et faire de l’architecture. Car on ne peut plus s’évertuer à transformer le monde si l’on ne comprend pas précisément où l’on se situe et ce dont on hérite.

 

 

Métamorphose de l’ordinaire

 

La démarche proposée procède de « l’enquête » sur des situations « ordinaires » produites par l’expansion urbaine moderne et post-industrielle, souvent qualifiées de génériques ou communément réputées sans qualité, mais qui pourtant abritent nos quotidiennetés et constituent la majeure partie de nos cadres de vie contemporains.

 

Il s’agira donc de chercher à opérer la métamorphose de modèles façonnés en d'autres temps, dans des conditions révolues ; et pouvoir les actualiser suivant un mode opératoire qui est en quelque sorte le négatif de leurs principes d’origine : prise en compte de l’existant, économie de moyens, développement scénarisé et ouvert.

 

Pendant ce semestre, la démarche engagée par l’étudiant·e portera sur :

 

- L’expérience de l’existant comme préalable à tout acte de transformation avec l’identification de ses multiples formes de ressources (matérielles et immatérielles).

 

- La compréhension, la mobilisation et la transformation des infrastructures produites par la modernité car ces grands « équipements » forment en quelque sorte l’épaisseur du socle métropolitain et leur métamorphose ouvre la perspective de nouveaux modèles de développement humain.

 

- L’apprentissage des modes de représentations liés à la conceptualisation et la formalisation d’un projet et ce, à différentes échelles.

 

- la recherche d’une programmation à partir des ressources présentes et autour d’un plus juste équilibre entre activités et habitats dans une nouvelle organisation spatiale.

 

- La constitution de l’espace public comme réponse première aux défis qui conditionnent le futur du développement des territoires (construction de la vie en commun, préservation de la biodiversité et adaptation au changement climatique).

 

- La prise en compte du temps avec la définition simultanée d’un projet et d’une démarche capables d’intégrer les incertitudes, et, in fine, d’atteindre les objectifs qui ont été fixés au départ.

 

 

Articulation enseignement de projet et séminaire

 

L’enseignement est articulé avec le séminaire du même intitulé, consacré au même territoire d’études et dirigé par Antoine Viger-Kohler avec Antoine Barjon, Géraldine Viellepeau, Jean-Marc L’Anton, Pauline Detavernier.

 

Les travaux de recherche peuvent ainsi avoir une dimension « applicative » et développer des outils opératoires pour l’apprentissage du projet.

Les travaux de projet sont nourris et enrichis par une dynamique de recherche et font le lien avec la théorie.

 

L’ensemble des travaux de l’atelier de projet et du séminaire font l’objet d’une publication numérique sous la forme d’un site web. Le site à vocation à élargir la connaissance des enjeux architecturaux liés aux villes côtières et à formuler des propositions de transformation et d’édification dans des contextes fortement soumis au dérèglement climatique.

 

L’inscription simultanée en cours de projet et de séminaire est conseillée sans être rendue obligatoire.

 

Ci-dessous le lien de la publication numérique réalisée sur Dunkerque en 2022-2023

www.infrastructures-terrestres.com

 

 

Déroulé

 

Le semestre est structuré en 4 grandes étapes faisant chacune l’objet d’une restitution lors d’un jury commun.

 

Première étape (1 semaine) : Intensif

 

Cette étape de travail collectif vise à se forger une connaissance de la structure du territoire à partir de son patrimoine infrastructurel et à engager l’identification des grands enjeux de transformation.

 

Deuxième étape (4 semaines) : Voyage d’études, compréhension et stratégies

 

Cette étape s’appuie sur l’analyse et la compréhension de l’existant. Elle vise à faire émerger les spécificités et les caractéristiques fondamentales du territoire d’étude. Elle permet d’élaborer un programme architectural.

 

- Arpentage du territoire ;

- Mission photographique ;

- Analyse et compréhension ;

- Identification et formalisation des enjeux ;

- Définition des invariants, élaboration du programme ;

 

Représentations privilégiées : cartographie, photographie, généalogie, corpus de références.

 

Jury intermédiaire 1

 

Troisième étape (7 semaines) : Formalisation.

 

Cette étape vise à développer le projet à l’échelle architecturale.

 

- Mise en œuvre de la stratégie ;

- Déclinaisons morphologiques et typologiques.

- Principes de conception en lien avec les démarches des champs disciplinaires associés : paysage et STA (structure, ambiances, climat, impact carbone)

 

Représentations privilégiées : maquette, axonométrie, plan, coupe, façade, détail constructif.

 

Jury intermédiaire 2

 

Quatrième étape (4 semaines) : Finalisation et rendu.

 

- Approfondissements ;

- Représentations.

Travaux

Les étudiants sont amenés à privilégier différents modes de représentation et de restitution :

Expression graphique architecturale aux échelles appropriées. Maquette physique, rédaction de textes explicatifs du projet.

Contribution à la publication numérique suivant la charte définie.

Une attention particulière sera portée sur la présentation orale.

Bibliographie

Transmise en début de semestre.