Dans ce domaine, un projet est un projet de transformations, lequel s’appuie sur des connaissances historiques et constructives qui guident l’élaboration d’une stratégie d’intervention. La pertinence de la démarche vise à mettre en place un certain degré de permanence.
Pour intervenir de façon appropriée, il est nécessaire d’acquérir une culture du projet respectueuse du passé et en même temps au fait des techniques les plus abouties.
Première partie:
Elle portera sur des études de cas présentées par les enseignants et des études de cas faites par les étudiants. Les thèmes proposés concernent le patrimoine ancien et le patrimoine moderne.
Ces études de cas s’attacheront à montrer les démarches de projet à la lumière d’analyses historiques (réglementation de l’architecture du passé, histoire des méthodes de construction), d’analyses constructives (réglementation de l’architecture du présent, méthode de construction), d’analyses architecturales (qualités spatiales et tectoniques) et d’analyse de la pathologie.
Ces études s’appuieront sur des visites de chantier ou de réalisations dans l’étude de sujets particuliers.
La confrontation de ces recherches encadrées devra faire émerger des connaissances théoriques et pratiques opérantes en projet.
Un enseignement sur l’approfondissement des moyens numériques sera dispensé.
Il sera adapté aux études sur un bâtiment existant, aux analyses bioclimatiques, aux études de formes et d’enveloppes.
Des visites de chantier seront organisées à Paris. La rencontre des acteurs du projet (Architectes – Ingénieurs – Constructeurs) permettra de montrer le déroulé d’une opération depuis l’esquisse et le diagnostique jusqu’au chantier et aux méthodes d’interventions.
Deuxième partie:
Cette deuxième partie aura lieu durant le workshop international Palerme-Paris
Acquisition d’une méthodologie propre à l’intervention sur l’existant.
Comment la forme parle-t-elle de la technique ou comment la technique inspire-t-elle la forme ?
Le diagnostic:
C’est le message du « déjà là ».
Le diagnostic consiste à se poser de nombreuses questions, qu’il est possible de regrouper dans différents domaines bien qu’interdépendants :
- la forme : la figure initiale, la géométrie, la lumière et les qualités spatiales.
- la matérialité : la manière dont est construit l’édifice existant, sa structure et ses enveloppes, son climat intérieur.
- les pathologies constructives, l’usure et le vieillissement.
Recherche d’une stratégie d’intervention
En termes de projet de structure, la réhabilitation pose immédiatement la question de la permanence : ce qui est conservé acquière un statut d’élément permanent. Ce qui est ajouté doit délivrer un message en dialoguant ou non avec la structure conservée et éventuellement réhabilitée.
Plus généralement, la lecture de la matérialité de l’architecture révèle les géométries possibles et la potentialité des espaces. Le questionnement concernant la réhabilitation environnementale prend alors toute son importance et sa délicate application.
L’amélioration du confort bioclimatique génère des stratégies d’intervention très élaborées, sources de projets variés. Pour cela, on fait appel à des techniques simples, mais aussi à des notions plus complexes dont la conception passe par des études numériques. Les paramètres sont nombreux, d’où la nécessité nouvelle de l’étude paramétrique du projet.
Elaborer un projet de structure et d'enveloppe
Le projet peut se concevoir comme une série de dialogues à différentes échelles : dialogues des formes, des matières, des structures et des enveloppes aboutissant à de nouveaux espaces.
Les décisions en termes de structures deviennent fondamentales puisque liées aux objectifs de performance et aux qualités des matériaux. L’expression du projet se retrouve alors dans les détails.
Le détail contient en lui-même une expressivité et une capacité à expliquer sa genèse, son fonctionnement et la résolution du problème posé. Réussir un détail, c’est résoudre un problème avec élégance de même qu’en mathématique.
La localisation du projet, en particulier son orientation solaire, et la morphologie du bati existant seront les points de départ de l’étude.
L’enveloppe structurelle représente l’intervention contemporaine du projet d’intervention sur l’édifice existant. Sa structure dialogue avec la structure des édifices existants. La matérialité des pleins et des vides doit être étudiée en fonction des objectifs recherchés.
L’intervention sur l’existant concerne l’amélioration du confort bioclimatique, et n’est pas réduite à l’isolation thermique, mais à la création de dispositifs passifs.
Le confort d’été peut, par exemple, être corrigé par une résille extérieure. Le confort d’hiver peut, par exemple, être amélioré par une peau intérieure, par une peau extérieure et par d’autres dispositifs.
Les nouveaux planchers utilisent une structure plus libre fabriquant ainsi une figure en contrepoint.
L’architecture bioclimatique fait appel à une stratégie élaborée, à un savoir faire, mais pas nécessairement à des technologies lourdes.
Attitudes de projet
La réhabilitation du Castelvecchio médiéval de Vérone par Carlo Scarpa (1956-64) a longtemps été considérée comme la référence emblématique en matière d’intervention créatrice dans un édifice historique important. Les principes mis au point pour le projet, la dissociation franche entre l’intervention volontaire, et l’existant par l’utilisation de matériaux contrastants, n’a rien perdu de sa pertinence. La reconversion d’une église en centre culturel à Tolède par Ignacio Mendaro Corsini s’inscrit dans cette tradition.
A l’opposé, la limite entre l’existant et la nouvelle intervention a tendance à s’effacer, quand les architectes réinterprètent et complètent le bâti ancien. C’est le cas de deux reconversions d’architectures industrielles monumentales : l’ancienne powerstation de Londres transformée en Tate Modern par Herzog et de Meuron, les usines Fiat du Lingotto à Turin transformées par Renzo Piano : de l’extérieur, le bâtiment ancien semble presque intouché, de l’intérieur, les passages entre l’ancien et le nouveau disparaissent et les aménagements s’intègrent de façon évidente.
Il est plutôt question dans les projets de réhabilitation d’immeubles d’habitation, d’améliorer non seulement l’intérieur des logements, mais aussi leur caractère extérieur, comme par exemple, les rajouts de balcons ou de jardins d’hiver dans l’opération de réhabilitation de la Tour de logements porte Pouchet à Paris, par Lacaton et Vassal.
Université de Palerme – ENSA Paris-Val de Seine
Séminaire « Intervention sur l’existant – Confort climatique »
Présentation du partenariat international
Contexte du projet
Il s'agit d'un partenariat international entre deux écoles : l'École Nationale Supérieure d'Architecture Paris Val de Seine (ENSAPVS) et l'Université de Palerme (Département d'Architecture) pour confronter et croiser les postures, démarches, méthodes et savoirs sur des thématiques, de domaine d'étude similaires qui questionnent les processus de l’intervention sur l’existant et du confort climatique.
Cette méthodologie permet d'aborder une même problématique, l’intervention sur le patrimoine moderne, sous deux angles différents en fonction des territoires dans lesquels ils s'inscrivent. Le climat très contrasté de Palerme, la richesse de son patrimoine ancien et moderne, permettront aux étudiants d’acquérir une expérience nouvelle qui pourra être comparée aux mêmes types d’intervention à Paris.
A Palerme, c’est dans le projet du Musée du Palazzo Abatellis que Carlo Scarpa a jeté les bases de sa stratégie d’intervention qu’il appliquera plus tard dans les autres projets de Musée et en particulier celui du Castelvecchio à Vérone.
A Gibellina Nuova, le Palazzo di Lorenzo de Francesco Venezia, marque aussi une autre manière d’intervenir sur l’existant par la reconstruction d’une architecture évocatrice.
Description synthétique de l'action
Le contexte environnementale et socio-économique contemporain est marqué par un intérêt de plus en plus fort pour la réappropriation du bâti existant en le réparant et en perpétuant son utilisation, au lieu de sacrifier encore plus de terrains vierges et de consommer toujours plus de ressources.
Construire dans l’existant ne consiste pas seulement à s’occuper de monuments historiques de qualité, mais aussi et de plus en plus, du patrimoine moderne et de bâtiments « banals » comme des architectures industrielles.
Ce projet d'échange international a pour objet d'étudier la question de l'intervention sur le bâti existant et les reconstructions de villes après des catastrophes naturelles majeures.
Le choix de la Sicile est notamment lié à son patrimoine historique conséquent ainsi qu'à l'étude des villes reconstruites après les tremblements de terre (notamment celui de la vallée du Belice de 1968). Pensons par exemple aux approches différentes appliquées à des villes nouvelles comme Gibellina, qui a été reconstruite à plusieurs kilomètres de l’ancienne ville par des architectes et artistes réputés en appliquant les idées du Mouvement Moderne, par rapport à d’autres villes qui ont été au contraire reconstruites à leur emplacement original.
Cette action internationale veut donc offrir aux étudiants français et italiens la possibilité d’approfondir au plan théorique et pratique des problématiques architecturales et techniques propres à l’intervention sur le patrimoine moderne.
Les études de cas ainsi que les exercices de projet seront orientés sur la conception architecturale propre à l’intervention sur le patrimoine moderne ainsi qu’à l’amélioration du confort climatique de ces architectures. Le confort climatique n’est pas réduit à la rénovation énergétique et concerne la fabrication du projet dans son ensemble.
En particulier, les étudiants pourront se confronter avec la fabrication d’une enveloppe compatible avec le climat et susceptible de compenser les manques de la morphologie architecturale existante à conserver.
Cet exercice sera reconduit dans les deux contextes climatiques sicilien et parisien, très différents entre eux, ce qui permettra de montrer aux étudiants une approche de conception fortement ancrée au territoire.
Organisation
Le workshop sera organisé en deux temps : à Paris dans les locaux de l'ENSAPVS et à Palerme dans les locaux du Département d'Architecture.
L’action proposée aux étudiants dans les deux villes sera organisée selon le même schéma : une partie initiale d’étude de cas locaux et un exercice de projet autour des thématiques de l’intervention sur l’existant et du confort climatique.
En Italie
1. Études de cas :
a. Palermo, projets dans l'architecture existante : Palazzo Abatellis (Carlo Scarpa), Fondazione Branciforte (Gae Aulenti), Archivio storico dell’Assemblea Regionale Siciliana – oratorio SS. Elena e Costantino (Flavio Albanese) ;
b. Les villes reconstruites suite au tremblement de terre de 1968 dans la vallée du Belice : Gibellina (cretto di Burri, architettures de Quaroni, Gregotti-Samonà, Purini, Ungers, Nicolin, etc.), Salemi (projet de A. Siza).
c. Le musée de Gibellina Nuova de Francesco Venezia
d. Option : les villes baroques reconstruites suite au tremblement de terre de 1623 : Noto e Scicli ;
2. Exercice de projet sur un bâtiment existant du patrimoine moderne :
a. Élaboration du diagnostic
b. Élaboration d’une stratégie d’intervention vis-à-vis du confort climatique
c. Élaboration d’un projet de structure et d’enveloppe
En France
1. Études de cas :
a. Paris : Historial de la Grande Guerre – Péronne Henri Ciriani, Le Musée de Cluny – Paris 5ème – Bernard Desmoulins, La Bourse du Commerce – Pinault Collection– Paris 1er – Tadao Ando, La Poste du Louvre – Paris 1er – Dominique Perrault, L’institut de France – Paris 5ème – Marc Barani, Morland Mixité Capitale – Paris 4ème – David Chipperfield, La fondation Avicenne – Paris 14ème – Claude Parent + Beguin et Maccini,
2. Exercice de projet sur un bâtiment existant du patrimoine moderne :
a. Élaboration du diagnostic
b. Élaboration d’une stratégie d’intervention vis-à-vis du confort climatique
c. Élaboration d’un projet de structure et d’enveloppe
La restitution commune aura lieu à Palerme avec les étudiants français et italiens dans les locaux du Dipartimento di Architettura ».
Une exposition pourra être faite à l’ENSA PVS.
Nom des enseignants impliqués en France et à l'étranger et enseignement de rattachement
Palerme : Università degli Studi di Palermo - Dipartimento di Architettura
- prof. ing. arch. Antonino Margagliotta - professore associato “Composizione architettonica e urbana” (équivalent FR de Maitre de conférences en TPCAU)
- ing. ph.d Paolo De Marco - professore a contratto di Progettazione architettonica (équivalent FR d'enseignant contractuel en TPCAU)
Paris : ENSA Paris-Val de Seine
Bruno Person - Architecte et Ingénieur - Maitre de Conférences
Luigi Faila - Architecte et Ingénieur - Docteur - Maitre de Conférences Associé
Nathalie Regnier-Kagan - Architecte - Maitre de Conférences
Nom de l'établissement étranger partenaire au projet
Corso di Studi magistrale a ciclo unico in Ingegneria edile – Architettura
Università degli Studi di Palermo - Dipartimento di Architettura
Niveau des étudiants concernés
Master en S8
Enseignement ENSA PVS
Séminaire du DE1 (S1.3) en S8 : Intervention sur l’existant – Confort climatique
Nombre d'étudiants concernés
ITALIE = 10
FRANCE = 10 à 20
Période envisagée et durée de l'action
18 au 22 Avril 2022 à Paris avec les étudiants italiens et français
25 au 30 avril 2022 à Palerme (Vacances de Printemps)
Moyen de transport
Il existe des vols directs low cost par les compagnie Transavia et Ryanair