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  • S8-P2 PROJET ARCHITECTURAL ET URBAIN

DE 1 : Cité jardin verticale - Nathalie Régnier-Kagan, Laurent Beaudouin, Giovanna Marinoni et Bruno Thomas

Semestre 8

Responsable(s) : Nathalie Regnier-Kagan, Laurent Beaudouin

Enseignant(s) : Bruno Thomas, Giovanna Marinoni

  • Année : 4
  • Semestre : 8
  • E.C.T.S : 13
  • Coefficient : 5,00
  • Compensable : non
  • Stage : non
  • Session de rattrapage : non
  • Mode : option
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

En ce XXIe siècle, la ville européenne est_elle vouée à se transformer par l’édification de nouvelles Tours comme image de son renouvellement urbain ? N’est-il pas contradictoire, dans le monde de l’étalement horizontal, de rêver d’accéder à un nouveau type architectural, à l’heure de la transition climatique ? Est-ce l’effet « San Giminiano », ville médiévale italienne dans laquelle les grandes familles de la région ont érigé des tours pour exprimer leur puissance, ou l’effet « Manhattan », symbole de la modernité du XXème siècle ? On peut désormais voir de nombreux projets de tours construites dans les plus grandes capitales d’Europe, comme à Barcelone, Londres, Vienne, Francfort, Malmö… et même à Paris. Cette nouvelle « skyline » de la ville européenne serait le leitmotiv d’une ville « autre », plus « humanisée », qui prendrait de la hauteur pour être durable et compacte, et s’installer sur les seuils de la ville. Il faut densifier pour accueillir les milliers d’habitants à venir, pour rendre les transports plus rapides, moins chers, moins polluants. Densifier pour développer des cités mixtes, ne séparant plus les cités dortoirs des bureaux et des centres historiques. Le « bien vivre en ville » serait le thème récurrent de la Tour au XXIème siècle européen, si celle-ci pouvait être aussi une Tour écologique…

 

On redécouvre ainsi que, totalement repensées, les tours limitent l’étalement urbain, donnent un avenir à la ville contemporaine, et que la ville basse pourrait bien être une contradiction car elle consommerait énormément de terrain et privatiserait la surface des villes. Que sera Paris demain ? Comment envisager l’évolution de la métropole parisienne au XXIe siècle ? La ville haussmannienne et son gabarit uniforme ne permet pas d’envisager la différenciation nécessaire pour aborder la question de la densité urbaine intramuros. Il s’agit d’envisager dans le Grand Paris, la possibilité d’une extension verticale : c’est l’objectif de la « Cité jardin verticale », en contrepoint d’une réflexion sur une extension horizontale de la ville: il s’agit de proposer une figure urbaine capable de conquérir et d’urbaniser les territoires sans limites de la « citta diffusa » du Grand Paris, dans un équilibre ville/nature indispensable à l’harmonie du développement humain. Densifier, cela ne veut pas dire obligatoirement de proposer une concentration bâtie inhumaine: il faut respecter l’harmonie entre le construit et le non construit, par la présence d’espaces naturels indispensables à l’homme. Sans le poumon de Central Park, Manhattan ne serait pas ce qu’il est. De même que sans ombre, la lumière n’existe pas, sans une proportion de vide, le plein, c’est-à-dire l’espace construit ne peut exister.

 

« Il devient urgent de se réapproprier le type de la Tour, pour qu’il devienne sujet de réflexions urbaines et architecturales : pour éviter l’effet de mode, le totem médiatique, les grands jouets du type : obélisque, eskimo, piles d’assiettes, recouverts d’écailles ou de bas résilles … Instruments de séduction pour les politiques, fantasme du bâtisseur, ou le rêve d’architecte… » F. Fromonot

Contenu

La Tour urbaine est à la fois matrice structurante et puissance signalétique dans son mode de transformation de la ville sur la ville. Elle répond à des objectifs de développement durable donnant à la question de la densité et du développement en hauteur, une nouvelle actualité. L’enjeu environnemental est au cœur de la réflexion. La Tour doit être considérée comme une partie de la ville dans le ciel, une sorte d’urbanisme vertical. La notion de « cité » fait appel à une forme d’autonomie : nous envisageons d’aborder la thématique de la verticalité et de la hauteur dans une vision économe du sol, tant dans ses opportunités foncières que pour éviter son imperméabilisation systématique, au travers d’un programme de logements, associés à des fonctionnalités diverses : salles de sport, piscines, restaurants, expositions, cinémas… pour un mode de vie de la transition, pour redonner à la nature son milieu et son espace, pour favoriser la continuité des sols. Il s’agit de concevoir la ville verticale, avec tous ses aspects de confort, d’espace, de vie sociale et culturelle. Nous inventerons de véritables « rues verticales », espaces publics mettant en relation les niveaux entre eux. Le toit de la Tour sera rendu public, avec un programme spécifique, un espace végétalisé, accessible aux habitants.

 

Construire en hauteur dans des zones urbaines particulières semble pertinent, pour que la ville ne soit plus un continuum sans fin : marquer un lieu, un évènement urbain, une entrée de ville, une place…mais également pour accueillir le vivant, la nature retrouvée au pied des immeubles, à l’intérieur. La condensation d’éléments sur une verticale provoque le rapport en coupe entre l’horizontale et la verticale. Le sol ainsi libéré ouvrira des possibilités urbaines nouvelles : il deviendra espace public, parc urbain, jardins partagés, terres d’agriculture urbaine, autant d’espaces verts au bénéfice de tous. Tels les jardins suspendus de Babylone, pour créer des lieux où il fait bon vivre, nous intégrerons des jardins à l’intérieur de la Tour que les habitants pourront végétaliser eux-mêmes, à l’image des cités jardins. Il ne s’agit pas d’utiliser le « greenwashing » comme filtres verts dans nos images perspectives, ou de végétaliser superficiellement les bâtiments, mais d’imaginer de vrais jardins intérieurs, des espaces intermédiaires entre publics et privés. Ce qui manque à nos rues et à nos habitations, c’est de pouvoir respirer. Il faut réengager la question de l’air, des températures, de la lumière, de l’humidité comme des éléments fondamentaux de l’urbanisme, la prise en compte des facteurs climatiques et environnementaux pour une conception réellement contextuelle, permettant d’utiliser l’énergie passive, dans une conception bioclimatique. Il faut que la forme suive le climat, ne plus vivre dans un milieu hermétique mais d’être réellement en contact avec l’extérieur.

 

Les expérimentations de ce module s’appliquent à une zone urbaine identifiée. Le processus du projet est divisé en plusieurs étapes, établissant un aller-retour entre une approche « théorique », une compréhension « plastique » du paysage, fondée sur la culture du projet, le sens et la signification de l’espace architectural, urbain et paysager contemporain, de sa poétique, de sa rationalité, de sa structuration fonctionnelle, constructive, et de son usage. La pertinence d’une architecture doit être développée au travers d’un appareil critique, à partir de multiples inter-relations : le site, la géographie, le climat, le proche et le lointain, les questions de l’espace et de la lumière, de l’économie de la construction, les matériaux, le contexte culturel et social, le rapport à la ville ancienne…

 

Structure spatiale, structure constructive et structure plastique devront trouver une cohérence formelle, selon une approche urbanisque et paysagère, avec une réflexion sur les matériaux structurels, les enveloppes, les circulations, en prenant la lumière, l’air , l'eau, la terre, et l’espace comme matériaux d’architecture.

Travaux

Analyse architecturale :

L’analyse de références permettra de réunir et d’analyser des exemples de Tours prototypes, découverte nécessaire à une culture préalable au projet.

 

Recherche sur la verticalité:

Une recherche abstraite sur l’espace vertical permettra de développer un travail sensible, en fonction de la vision de l’homme, à partir d’un travail photographique et d’un travail en maquettes. Une mise à l’échelle de maquettes expérimentales fera la synthèse de ce passage de l’horizontalité à la verticalité.

 

Hypothèse territoriale et paysagère:

Un travail de groupe permettra, à l’aide d’une analyse urbaine, d’élaborer une hypothèse territoriale et paysagère: une maquette conceptuelle évoquera en volume et matière, l’« idée » du projet, à partir d’une compréhension fine du contexte et de son échelle, des couloirs écologiques, des vents dominants…

 

Recherche sur le logement :

Nous proposons d’aborder la question du logement, et d’élaborer une recherche typologique permettant d’offrir des espaces intérieurs et extérieurs de rencontre, des jardins au sein de la Cité jardin verticale. Nous étudierons des logements dans les trois dimensions, traversants, ventilés naturellement, des logements flexibles, évolutifs dans le temps, des logements intégrant un espace de travail, avec une grande surface de terrasses, comme une véritable pièce extérieure. La notion de « parcours » permettra d’envisager la question des flux et des distributions qui se croisent en des points stratégiques : halls intermédiaires, espaces de rencontre, jardins suspendus, autant de seuils entre le privé et le public.

 

Prise en compte du réel :

Il s’agit de proposer des modes de vie, des activités, des mixités, de nouvelles typologies adaptées au contexte, aux conditions climatiques : comment vivre, habiter, travailler, se détendre dans une tour ? Comment pratiquer au quotidien les distributions, les stationnements, les halls en relation avec le contexte ? Comment installer des structures végétales en hauteur, dans des conditions artificielles ? Le choix structurel sera essentiel : structure primaire, structure secondaire, flexibilité des structures pour envisager l’évolutivité des lieux. Devant la multiplicité des techniques, plutôt que de parler de « vérité constructive», il importe aujourd’hui de s’attacher à la cohérence du choix constructif, à l’utilisation juste d’un matériau, à son adéquation à répondre à des besoins fonctionnels, et émotionnels.

 

Le site détermine les échelles d’intervention : Figure spatiale/figure urbaine : 1/1000e, 1/500e . Elaboration du projet : 1/200e. Développement du projet, détails : 1/100e, 1/50e

Bibliographie

Eléments de bibliographie :

 

- Campi Mario , Skyscrapers, an architectural type of modern urbanism , ETH Zürich, Department of architecture, Bâle :Birkhäuser, 2000.

- Ciriani Henri, Beaudouin Laurent, Vivre haut, méditations en paroles et dessins, Paris, Archibooks, collection « crossborders », 2011

- Frampton Kenneth, Megaform as urban landscape, Raoul Wallenberg lecture, University of Michigan, 1999 (traduction Française: la megaforme comme paysage urbain » in L’architecture et la ville : mélanges offerts à Bernard Huet, Paris, éditions du Linteau, 2000)

- Gigon Annette, Guyer Mike, Jerusalem Felix, Residential Towers, GTA Verlag, ETH Zürich, 2016.

- Koolhaas Rem, Bigness ou le problème de la grande taille, in Criticat n°1, Paris, janvier 2008

- Koolhaas Rem et Mau Bruce, S, M, L, XL, 010 Publishers, Rotterdam, 1995.

- Koolhaas Rem, Delirius New-York, New-York, Oxford University Press, 1978 (traduction française: New-York Délire, Marseille, Parenthèses, 1998).

- Régnier-Kagan Nathalie (dir.), La tour métropolitaine, une recherche pédagogique de Michel Kagan, Paris, éditions Recherches/ENSAPB, 2012 .

- Taillandier Ingrid et Namias Olivier (dir.), Pousse Jean-François, L’invention de la tour européenne, Paris : Editions du Pavillon de l’Arsenal, Picard, 2009.

- Yang Kenneth, « The green skyscrapper », Ed Preste, 2003

Informations supplémentaires

Visites, cours, conférences:

Le travail du projet sera associé à des cours pour apporter les connaissances nécessaires à l’élaboration du projet : Connaissances sur les systèmes structurels, « solidité, stabilité », Principes de sécurité incendie et accessibilité d’un immeuble IGH, conférences et visite d’opérations dans Paris, en Europe…

Une visite à Londres sera programmée au cours du semestre.