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  • S6- 10 La fabrique du projet

Projet 6

Semestre 6

Groupe 02 - Jean-Marc Bichat, Annie Tardivon, Léonard Legendre [E0611020]

Enseignant(s) : Léonard Legendre, Annie Tardivon, Jean-Marc Bichat

  • Année : 3
  • Semestre : 6
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

1.1 Objectifs

 

L’objectif du S6 « Projet architectural et urbain » qui clôture la licence est de procurer les savoir-faire fondamentaux du projet urbain entendu comme dessin de l’articulation de l’espace public et de l’espace privé d’une part, des systèmes qui composent le tissu urbain, d’autre part, dans un contexte territorial, une géographie, une histoire qui constitue le génie du lieu et la singularité des établissements humains.

 Le tissu urbain est compris comme interactions substantielles entre le bâti, le parcellaire, la voirie et l’espace public.

 Le tissu urbain, sa forme et ses typologies permet d’appréhender la constitution de la ville, espaces et temps, et d’introduire à une pensée renouvelée de l’édifice et de son architecture.

 

Le travail proposé entrelace à la fois projet et analyse, échelle de projet et de représentation diversifiées (du 1/25000ème au 1/100ème).

 

1.2 Contexte

Cet enseignement s’inscrit dans le contexte désormais saturé par les impératifs du nouveau régime climatique (B.Latour) qui s’impose au monde avec, comme corollaire, une réévaluation des méthodes, des outils et des savoirs faire de l’urbanisme, de l’architecture et du paysage. La bifurcation écologique (P.Veltz) apparait incontournable : elle est désormais la toile de fond de la conception et de l’action de tout un chacun-e. Elle s’invite donc, par conséquent, au cœur de la fabrique des territoires, de la ville et de l’architecture, et plus largement dans le cadre de nos vies. Ce contexte impulse un certain nombre de piste de travail pour l’évolution des territoires :

o La reconquête écologique des sites urbanisés à travers la restauration d’un sol vivant et donc de la biodiversité,

o L’application du ZAN qui amplifie la valeur des sols urbanisés à recycler,

o L’horizon de la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) qui vise la neutralité carbone en 2050 et conduit la production architecturale à devenir le lieu de l’expérimentation bas carbone, à questionner les cultures constructives et nos modes d’habiter, à travailler au plus près des ressources matérielles et symboliques pour une ville « partagée » ;

o Le rééquilibrage de la mobilité au profit des déplacements « doux » dans le cadre d’une ville plus lente et plus stationnaire (Bihouix)

Ces pistes composent le cadre de fond de cet enseignement.

Contenu

1.3 Contenu

 

Nous proposons de croiser quatre cinq approches :

1.31. La géographie et le paysage comme « contexte » support fondamental

La prise en compte de la grande échelle et de la forme globale du territoire constitue un préalable au projet architectural et urbain que vous allez développer. L’idée de paysage conjugue géographie physique et géographie construite – les aménagements anthropiques – comme ordonnancement du visible (tracés, parcs, infrastructures).

Il s’agit de comprendre et d’expliquer la géographie dans laquelle vous allez intervenir, l’organisation territoriale et son évolution, les grands systèmes paysagers, les principaux reliefs, les vues, les orientations…et considérer ces éléments comme le support de l’évolution du territoire.

 

1.32. Le sol et les éléments naturels comme projet

Le sol, sa topographie générale, sa perméabilité, l’orientations des versants, constituent le socle sur lequel vous allez intervenir. Vous devez comprendre son organisation, l’écoulement de l’eau qui l’a façonné, où sont situées les surfaces imperméabilisées et perméables, comment elles sont constituées et comment elles ont pu évoluer dans le temps.

Vous devez également vous intéresser à la couverture végétale et aux structures plantées qui qualifient le territoire.

Vous pourrez vous aider utilement de la vue aérienne pour vous aider à repérer les structures ponctuelles (arbres isolés, bosquets…), linéaires (alignements, mails,…) ou les boisements plus larges. L’ensemble de ses éléments deviennent désormais des éléments de patrimoine à protéger voire a ressourcer.

 

1.33. L’édifice comme composante d’un tissu urbain

L’édifice n’est pas appréhendé comme un objet, mais au contraire, comme l’élément d’une division, d’une partition de l’espace. Il s'agit d'étudier les formes (édifice-parcelle, voirie-espace public), et les processus (recomposition foncière, densification, réhabilitation, substitution) en testant et en vérifiant concrètement l'architecture des différents espaces mis en jeu.

 

1.34. Le renouvellement par fragments de la « ville territoire »

La ville territoire » évolue par fragments. Cela est renforcé dans le contexte émergent du ZAN (Zéro artificialisation Net) conduisant la ville à se figer dans ses limites et à se renouveler sur elle-même. Nous posons l’hypothèse que cette évolution peut trouver d’une manière ou d’une autre (échelle, forme, etc.…) sa cohérence et une certaine forme d’unité. Cette cohérence et cette unité sont notamment ordonnées par l’espace public et la voirie, mais aussi dans le rapport de la ville à la géographie, à l’histoire, ou encore dans les caractéristiques morphologiques des aires urbaines.

 

1.35. Les formes résidentielles de la ville territoire

Nous proposons de tirer les leçons de la « territorialisation des villes » au niveau des formes résidentielles à partir d’une double critique :

- critique du « résidentiel pur » et de l’étalement péri-urbain, en présentant des alternatives aux morphologies pavillonnaires de la grande périphérie ;

- critique de la « ville radieuse » et des espaces sans statut ni usage des « grands ensembles », de son incapacité à l’évolution et au renouvellement.

 

Dans le contexte désormais des territoires urbanisés sous pression de densification/ renouvellement qui fait écho à l'arrêt du modèle extensif de l'étalement urbain, nous rechercherons une expression typologique adéquate au rapport nouveau qui se dessine dans la « ville-territoire » entre résidence, espaces publics, espaces naturels, paysages.

 

Nous nous inscrivons pleinement dans un processus de « Reterritorialiser » tel que le décrit le philosophe Pierre Caye: « Déplorant la déterritorialisation de nos sociétés qu’a engendrée la dématérialisation de l’industrie et de la finance, le philosophe Pierre Caye appelle à une reterritorialisation et voit dans la nature même de l’architecture un modèle qui pourrait inspirer ceux qui s’attèlent à la transformation du système productif en vue de la durabilité de la production et de l’habitabilité du monde. » Emmanuel CAILLE D'A N°304

 

 

1.4 Un enseignement coordonné et collégial

 

Deux groupes de projet (Groupes 2, 4) se sont rapprochés pour partager un certain nombre d’objectifs et d’attendus pédagogiques en lien avec l’énoncé du semestre ‘ projet architectural et urbain’. Les échelles de la ville et du territoire comme support des questions architecturales (forme urbaine qui associe la forme et le projet architectural et celui de l’espace public et du paysage) et comme processus (avec comme horizon le palimpseste et les systèmes de tissu urbain) sont au cœur de cet enseignement. Ces groupes partagent ainsi dans leur diversité de point de vue et de savoir-faire un certain nombre de convictions considèrent structurants des acquisitions et des manipulations que les étudiants doivent maîtriser à l’issue du semestre :

• L’articulation de l’analyse et du projet

• L’articulation des échelles

• L’espace public, les sols et le paysage comme projet

• Le tissu urbain entendu comme interaction entre édifices parcelle et espace public

• La question architecturale constituée et ordonnée par la problématique urbaine

La matière première du projet sera ici le logement’ matière première des villes, inscrite dans des figures de projet, (paysagère, urbaine, architecturale, programmatique) ordonnées pour ne pas dire dessinées par l’espace public conforté souvent par sa dimension élargie à l’institution/ équipement.

 

Sur ce socle commun qui conduit à des méthodes et à un calendrier coordonné des études et des rendus (séquences et exercices partagés, analyse urbaine comme vecteur de projet, projet urbain comme figure d’ensemble, projet architectural comme résolution, vérification et illustration de cette figure, jurys croisés, TD transversal, intensif inaugural, ...), les deux groupes de projet proposent des visions et des préoccupations diversifiées.

 

1.5 TD transversal partagé

 

Le TD transversal est pensé comme intégré au projet, tant sur les apports théoriques et pratiques qu’il propose que dans son calendrier de travail et ses rendus. L’objectif est aussi ici de réduire la charge de travail de l’étudiant en évitant le risque de deux rendus isolés.

La transversalité devient ici celle des groupes de projet autant que celle des disciplines VT et SHS.

 

1.6 Site de projet et postulats

 

Les vallées de l'Oise, de l’Aisne et de l’Automne seront cette année les grandes figures géographiques du territoire de projet retenu pour les deux groupes de projet. Cette convergence géographique favorisera des jurys croisés, dans une logique pédagogique de comparaison des méthodes, des approches et des productions.

 

Le groupe 2 travaillera sur le territoire de l’agglomération de Compiègne. Aux portes de la plateforme aéroportuaire de Roissy, adressé sur la partie nord de l’espace métropolitain francilien et son centre parisien par la gare TER et l’A1, le territoire de Compiègne dessine un bassin de vie dynamique et une centralité de premier plan pour son territoire. Son histoire remarquable, sa géographie exceptionnelle et sa situation territoriale font de cette ville moyenne un site attractif tant sur plan résidentiel qu’économique.

 

Dans le contexte de crise climatique et de nécessaire maitrise foncière [ZAN], les territoires urbanisés de l’agglomération de Compiègne composent des territoires d’avenir pour habiter. De nombreuses situations hérités du développement moderne du XXème siècle apparaissent dégradés ou/et en attente d’une requalification pour être « habitables » et « désirables ». Ils ont ainsi un potentiel de développement résidentiel dont les formes et la localisation sur le territoire urbanisé peuvent contribuer au développement harmonieux et raisonné tout en constituant une réponse efficace à l'étalement urbain.

 

Le site conjugue plusieurs avantages pour mettre en œuvre les objectifs et les attendus du S6 :

 La possibilité d’y aller par le train (TER, 45 à 55mn depuis la gare du Nord) permettant le travail de relevé et de vérification in situ.

 Un territoire dans une géographie et une histoire exceptionnelle sous pression résidentielle

 Une situation et une dimension territoriale et communale qui facilite la compréhension des enjeux de développement.

 Une histoire urbaine sédimentée avec un tissu diversifié.

 

 

Le travail de l'atelier sera ordonné par ce contexte qui légitime et interroge une action de projet urbain et architectural à l'échelle de la ville insérée dans son territoire tout en pouvant aussi se fabriquer par fragments. Ces caractéristiques sont idéales pour diversifier le travail par sous-groupes tout en fédérant les travaux.

 

1.7 Corpus et exposés – Savoir-faire - Problématique

 

Les savoirs faire de l’analyse enseignés dans le cadre du TD partagé seront déclinés et approfondis dans la phase d’analyse et de compréhension du territoire.

Afin de consolider les acquisitions théoriques des CM S5 et S6, nous proposons de consacrer en début de chaque séance une heure à des exposés réalisés par les étudiants en binôme dans un corpus de références savantes choisis dans l’histoire des formes urbaines et en lien avec les sujets et thèmes de travail que suscitent le site :

- Pour ce qui relève du contexte géographique et naturel : relation ville nature, lisières, consistance de l’espace naturel péri urbain, gestion des eaux de pluies et enjeux écologiques…

- Pour ce qui relève des types : glossaire typologique adapté : maisons en bande, superposées, petits immeubles, petits collectifs etc….

Travaux

Le travail d’analyse et de diagnostic conduit à des orientations d'évolution d'un morceau de territoire (une « aire urbaine ») à travers notamment un projet d'espace public et l’identification de terrains en évolution qui seront l’objet d’un projet de logement dont la consistance sera argumentée aux différentes échelles abordées dans le diagnostic.

 

Le travail de l'atelier sera ainsi :

 

 En premier lieu concentré sur la compréhension du territoire de la ville pour faire émerger les sujets et les questions (les problématiques, les figures) qui constituent les leviers de la transformation et de l'évolution de Yerres. Cette première étape sera articulée avec le TD transversal qui fournira un éclairage et des savoirs faires complémentaires en ciblant le travail sur l’analyse d’un échantillonnage de formes urbaines caractérisées.

 Dans un second temps, il sera mobilisé sur l'identification des 'fragments', ou terrains, ou situations exemplaires voire stratégiques de ces figures et/ou questions de transformations.

 Puis, après une analyse plus détaillée à l'échelle de ces terrains, bien entendu en lien avec les autres échelles concernées et en cohérence avec les orientations définies à l'échelle du projet urbain, le développement urbain et architectural des fragments fera l'objet d'un travail approfondi de définition et de représentation architecturale.

 

Ce travail par figures (environ 5 groupes soit 5 figures (ou projet urbain), chacun de ces figures comprenant des fragments ou terrain qui seront développé individuellement ou en binôme) illustrera concrètement les formes que peut prendre l'évolution de la ville. Un travail de synthèse et d’assemblage de ces fragments sera demandé à la fin du semestre pour ajuster, corriger si nécessaire mais avant tout rendre visible leur cohérence avec la figure définie collégialement en amont.

Ce cadencement par échelles du travail de l'atelier sera ponctué par des exercices ciblés voire théoriques.

 

Dans le détail, le travail de l’atelier sera cadencé en 3 séquences (projet individuel et collectif)

 

 Séquence 1 : Un travail d’observation et de représentation du territoire et « terrain » produisant les plans qui permettent de décrire les composants principaux du tissu urbain à une échelle opératoire de son projet jumelée avec la représentation analytique de l’échelle du territoire ; ce travail permettra d’identifier : d’esquisser des ‘figures’ de transformation à l’échelle des parties et/ou de l’ensemble de la ville.

 

 Séquence 2 : Développement et consistance de la figure de transformation (projet urbain collectif) 1/2000 et 1/1000eme

o Dans un premier temps, il s’agira de décrire schématiquement les composantes de cette figure (armature des espaces publics, programmation publique, formes résidentielles) et d’identifier les « grands » terrains/ fragments « stratégiques » qui la composent.

o Dans un second temps, le travail sera approfondi individuellement ou en binôme à l’échelle d’un grand terrain/ du fragment dont la « documentation » sera établie en résonnance avec le projet à établir.

o Un travail de manipulation théorique visera à explorer les épannelage potentiel des systèmes de tissu urbain développés par la figure de transformation.

 

 Séquence 3 : Approfondissement et vérification architecturale

Projet architectural (1/500ème, 1/200ème et 1/100) établi sur le fragment de la « figure » dont l’évolution contribue au projet public de la ville et au développement architectural des typologies résidentielles de référence du projet.

 

Cette séquence vise à explorer la diversité et la complémentarité des approches, à élargir et à confronter l’éventail des possibles. La diversité des postures explorés essentielle à la formation de l’architecte en organise les modalités pédagogiques.

 

Nous insistons sur l’échelle du tissu urbain proprement dit, afin de parvenir à une expérimentation approfondie de l’architecture de l’édifice en rapport avec les questions urbaines.

Nous pensons, en effet, que c’est à partir des questions urbaines que l’on peut attendre un renouvellement des problématiques architecturales, il faut que chacun éprouve par soi-même les interactions d’échelles qui soutiennent cette conviction.

 

Cette échelle de travail cherche à débloquer une difficulté récurrente que nous constatons en Master ; la compréhension de la typologie dans la fabrication des tissus urbains, la difficulté d’articuler édifice, terrain et contexte.

Bibliographie

- bibliographie fournie avec les sujets.

CHOAY (Françoise), L’urbanisme, utopies et réalités. Une anthologie, (1ère éd., Paris, Seuil, 1965), Paris, Seuil, coll. Points Sciences humaines, 1979.

 

PANERAI (Philippe), CASTEX (Jean), DEPAULE (Jean-Charles), Formes urbaines, de l’îlot à la barre, Marseille, Editions Parenthèses, coll. Eupalinos, (1e édition 1985).

 

PANERAI (Philippe), DEMORGON (Marcelle) et DEPAULE (Jean-Charles), Analyse urbaine, Marseille, Editions Parenthèses, coll. Eupalinos , série Architecture et Urbanisme, 1999,

 

MANGIN (David), PANERAI (Philippe), Projet urbain, Marseille, éditions Parenthèses, 1999.

 

MESTELAN (Patrick), L’ordre et la règle : vers une théorie du projet d’architecture, Lausanne, Presses poly-techniques et universitaires Romandes, 2005.

 

UNWIN (Raymond), L’étude pratique des plans de villes, introduction à l’art de dessiner les plans d’aménagement et d’extension, (trad. et mise au point de Léon Jaussely, 2e éd.), Paris, Librairie centrale des beaux-arts, 1930.

 

Sitte Camilllo, L’art de bâtir les villes, 1889.

 

MANGIN (David), La ville franchisée, formes et structures de la ville contemporaine, Paris, éditions de la Villette, 2004.

 

NORBERG-SCHULTZ (Christian), Genius Loci, paysage ambiance architecture, pierre Mardaga Editeur, 1981.

 

ROSSI (Aldo), L’architecture de la ville, 2001.

 

Koolhaas, (Rem), New York Delire, trad. de l’anglais par Catherine Collet,

Marseille, Parenthèses, 2002.

 

Rowe (Colin) et Fred Koetter, Collage city, MIT 1978 , infolio Colllection archigraph, nvelle edition 2002.

 

Venturi (Robert)Denise Scott Brown et Steven Izenour, Learning from

Las Vegas, Cambridge (Mass.) et Londres, MIT Press, 1972 .

L’Enseignement de Las Vegas, ou le symbolisme oublié de la forme

architecturale, Bruxelles, Mardaga, 1987

 

DEPAULE (Jean-Charles), TOPALOV (Christian) (sous la direction de), Le trésor des mots de la ville, Paris, UNESCO/ Maison des sciences de l’homme, 2007, à paraître

 

Bureau des Paysages, Chemetoff, A. Berthomieu, J.L., L’île de Nantes, le plan guide en projet, Nantes, 1999

Mollie, C., Des arbres dans la ville: l'urbanisme végétal, Arles, Actes sud, 2009

Informations supplémentaires

Théorie, construction, informatique, arts plastiques, sciences sociales