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  • S5- 10 La fabrique du projet

Projet 5

Semestre 5

Groupe 11 - Cyrille Faivre Aublin et Thomas Darchy [E0511110]

Enseignant(s) : Cyrille Faivre-Aublin, Thomas Darchy

  • Année : 3
  • Semestre : 5
  • Affilié à un groupe : non

Objectifs pédagogiques

L’ESPACE COMMUN INTÉRIEUR

 

Faire entrer la ville (avec son devenir) dans un édifice public

« La ville, c’est une qualité appliquée à l’urbain ». Bernard Huet

 

OBJECTIF PÉDAGOGIQUE

Il est de notre ressort, en tant qu'enseignants du projet architectural, de faire prendre conscience aux étudiants en licence des interactions multiples auxquelles ils sont confrontés avec les différents domaines qui concernent l’activité projectuelle d’architecture.

Ceci allant des questions matérielles de fabrication, d'exécution jusqu'à des questions politiques, géographiques, économiques, sociétales.

 

Mais cette prise de conscience doit commencer, avant tout, dans la culture même de notre discipline et son approche théorique-intuitive. Ceci par la manipulation réfléchie des éléments constitutifs de ce qui rend le projet architectural non seulement une réponse à des demandes conjoncturelles et à des contraintes économiques, culturelles et techniques, mais lui donne son statut d’outil de compréhension de l’état du monde à un instant donné.

 

Le moyen pédagogique de cet exercice est d’apprendre à penser un projet dans les trois dimensions, hauteur, largeur et profondeur, et d’y introduire la manipulation de la lumière et du temps dans un parcours intérieur. Il s’agit de rendre perceptibles certaines dimensions invisibles de la nature. Le travail porte sur la dilatation de l’espace, sa modulation par la lumière et le mouvement, et sa tenue structurelle.

 

Le projet expérimente le repliement de l’espace du dehors urbain dans un creux intérieur. La projection du regard et le déplacement du corps de l’usager peuvent suivre des logiques autonomes. L’espace commun intérieur n’est pas conçu comme un vide mais comme une substance pénétrable. Il se dilate dans une lumière qui n’est plus celle de la nature, mais qui est une matière réinventée. Ce travail se fait en agissant sur des éléments « immatériaux » (le creux dans un plein, la lumière, le mouvement, la durée, la gravité, l’émotion...) qu’il s’agira ensuite de matérialiser.

 

 

Une école d’architecture et de paysage.

Un édifice institutionnel, situé en ville, doit offrir un espace majeur intérieur, fédérateur dans les trois dimensions de l’espace, qui soit un lieu partagé par les divers usagers. Cet espace privé, mais accessible au public, permettra de comprendre que l’on est dans une institution, de s’orienter, de se repérer et de hiérarchiser les lieux dans la multitude d’usages entre le plus partagé (hall, salle de conférences, foyer, lieux d’exposition) et le plus intime (bureaux, ateliers de fabrication du projet, de maquettes et d'arts plastiques, salles de cours et de séminaires).

 

Cet espace majeur aura à se confronter alors avec l’édifice existant choisi, une grande halle industrielle de la RATP. La pédagogie mènera alors l’étudiant à choisir entre plusieurs stratégies de dialogue avec cet existant, en vue de sa transformation : encastrement, superposition, juxtaposition, reprise en sous-œuvre. Dans tous les cas il y aura à savoir quoi détruire et pourquoi, et comment faire avec.

Contenu

Travailler avec l’existant, c’est travailler avec le contexte, que cela soit celui de l’édifice, de la ville, ou du paysage.

Un bâtiment est toujours construit pour une fonction précise : habitat, industrie, équipement, et s’adapte au site dans lequel il prend place. L’évolution historique des usages ou des contextes, est parfois plus rapide que l’usure des murs. De nombreux édifices trouvent une nouvelle destination : des châteaux sont transformés en bureaux, des gares en musées, des usines en lofts…

Tout projet architectural est une modification de l’état existant du monde, et demande une attention particulière aux traces laissées par le temps.

 

La réutilisation de structures anciennes pour de nouvelles fonctions, la mixité des programmes, l’adaptation des matériaux anciens nécessitent bien souvent de faire appel à des solutions innovantes pour répondre aux contraintes actuelles : si l’innovation consiste à rompre avec les habitudes et à créer de nouvelles solutions, la complexité des situations contemporaines engage notre capacité d’imagination plus encore que par le passé, et devient un enjeu majeur du XXIème siècle…

Ces thèmes sont fort différents des thèmes du début du XXème siècle liés à l’expansion et à la production, et doivent être envisagés avec la conscience que le patrimoine existant peut être utilisé comme un véritable matériau du projet d’architecture.

 

MÉTHODE

Le travail pédagogique est structuré par phases pour apprendre à suivre un des processus de projet possibles : concevoir un édifice en procédant du dedans vers le dehors.

Singularité de cette méthode : le commencement du projet n’est pas l’analyse précise d’un site et d’un programme détaillé, mais l’affirmation qu’il existe une figure spatiale propre à chaque étudiant, qui peut fonder une hypothèse de pensée, et que cette hypothèse spatiale constituera le fil conducteur du projet. Le site et le programme sont des éléments auxquels l’hypothèse initiale doit se confronter et s’adapter dans des étapes choisies du processus de projet.

 

TRANSVERSALITÉ

La pensée qui fabrique l’espace a son histoire propre, ses moments-clés, ses lieux de prédilection, et c’est en cela que la transversalité des enseignements liés au projet architectural permet des croisements de regards, de savoirs, d’expériences et de disciplines.

Nous allons donc travailler avec l’apport essentiel de trois disciplines qui traversent la fabrication du projet et lui donnent son socle culturel: l’Histoire-Théorie (HCR) avec Paolo Amaldi, les rapports Structure/ Enveloppe (STA-Construction) avec Bruno Thomas, et les outils de représentation : Florence Gillet pour le dessin à la main (ATR-Art Plastique), et Pierre Vincent pour la représentation informatique (ATR-Numérique).

 

Par ailleurs, comme il y a toujours du « déjà-là », nous allons travailler sur la transformation d’un grand édifice de nature industrielle datant de la fin du 19è siècle : une double halle d’entretien et de stockage de la RATP, et son immeuble de bureaux, situés à l’angle de la rue Belgrand et de la rue de la Py, dans le 20è arrondissement, tout près de la Porte de Bagnolet.

Cela permettra aux étudiants de tisser des liens subtils avec le site tout en acquérant des outils essentiels de fabrication et de pensée du projet, concernant principalement le statut urbain d’un grand édifice public, à la fois en son intérieur et dans ses liens avec son contexte.

Cette transformation d’un grand édifice, lui-même issu de questions nouvelles apparues à la fin du 19è siècle -le transport en commun ferroviaire en ville, à Paris- s’inscrira dans la continuité de l’Architecture comme Modification (Luigi Snozzi).

 

Histoire, Théorie, Représentation : Variabilité des points de vue.

« Si l'on part du principe que l'histoire de l'architecture est l'histoire de la variation du rapport entre un sujet et son environnement, alors le questionnement qui nous intéresse est le suivant : quelle attitude, quelle posture visuelle et sensorielle chaque époque prête-t-elle au sujet observateur? Répondre à cette question, c'est remettre à plat un certain nombre d'idées reçues. »

Paolo Amaldi, in Architecture, Profondeur, Mouvement (AMP), éd. Infolio, Collection Projet et théorie.

 

PROGRAMME

Une nouvelle école d’architecture et de paysage à Paris 20è, rue Belgrand et rue de la Py, près de la Porte de Bagnolet.

 

Le programme et le site sont un prétexte pour aborder une méthodologie spécifique qui porte sur la définition d’un « espace commun intérieur ».

Cette figure spatiale intérieure, dans sa dimension abstraite, est le point d’origine du projet. L’idéalité de cet espace est la prolongation de l’espace public extérieur dans la continuité du parcours au cœur de l’édifice et son retournement, en des lieux spécifiques, vers le grand paysage. L’espace commun intérieur permet à un bâtiment public d’avoir un regard sur lui-même et de rendre visible les fonctions partagées et sa dimension collective. L’aboutissement du parcours est le regard que porte l’édifice sur le paysage lointain et le rapport qu’il installe avec la géographie du lieu.

Un espace accessible au public sera à prévoir, avec un jardin conçu comme un prolongement en contre-point du bâti, une respiration dans cet îlot urbain actuellement occupé entièrement par la friche industrielle et complètement minéralisé.

Travaux

Travail en plans, coupes, perspectives, axonométries structurelles, maquettes numériques et maquettes réelles.

 

CALENDRIER:

Le semestre sera organisé en fonction de quatre phases :

1. L’analyse et l’étude d’édifices remarquables.

2. La conception de l’espace commun intérieur, générateur de l’institution.

3. L’analyse et l’étude de l’édifice existant et l’analyse urbaine.

4. L’inscription du projet d’institution dans son quartier, entre mitoyens, avec l’édifice existant.

 

PHASE 1

État de l’art : ANALYSE

« Analyser, c’est reconstruire. On postule que rien – dans une œuvre architecturale, n’est dû au hasard; en d’autres termes, on cherche une raison dans tout ce qui la compose. »

Christian Devillers, « Histoire et analyse architecturale ».

Modernités multiples : démarches distinctes, parfois contadictoires, liées à la culture du lieu et à la tradition dans laquelle s’inscrivent les architectes, les écoles. Tradition par rapport à laquelle à chaque fois les architectes se rebellent tout en y appartenant.

Choix d’édifices remarquables à analyser dans une confrontation à un contexte patrimonial :

1- G. Terragni, Casa del Fascio, Como, 1932

2- A. de la Sota, Gymnase, Colegio Maravillas, Madrid, 1961

3- Sancho-Madridejos, Musée d’Art Contemporain (MACA), Alicante, 2010.

 

L’ESPACE MAJEUR ET LA FIGURE GÉNÉRATRICE

L’objectif est de dégager, pour chaque équipe d’analyse, une idée projectuelle sur un aspect essentiel de l’édifice, et de la représenter en maquette de « Figure », à l’échelle 1/200è (ou 1/500è). Pour cela, de nombreux dessins sont nécessaires.

Thèmes d’analyse, entre autres:

-L’implantation, parcours: accès, entrée, promenade archi, distribution horizontale/ verticale,

-Les lumières : directe, réfléchie, radieuse, rasante, ponctuelle, homogène, clair-obscur, etc.,

-Les vues/ les opacités, les transparences /frontalités,

-Rapports structure/ espace, enveloppe/ espaces intérieurs, terre/ciel/corps, ou stéréotomie/ tectonique,

-Les limites: urbaines, spatiales, corporelles, ou bien fond/figure, dedans/dehors, nature/artifice,

-Vide/ plein, masse/volume, espace/lieu,

-Hiérarchie des espaces/ contraintes fonctionnelles/ organisation du programme,

-Matérialité/ assemblage/ aspects tactile/ visuel,

-Plasticité: Rapports à la peinture, à la sculpture, au cinéma...

-Mesures, proportions, échelle.

 

PHASE 2 : L’ESPACE COMMUN INTÉRIEUR

Entrée

Parcours : lent / rapide

Hiérarchie des espaces : singuliers / répétitifs

Lumières

Gravité : structure, toucher du sol / suspension, lourd / léger

 

PHASE 3 : SITE DU PROJET : ANALYSE PAR LE PROJET

Rue Belgrand / Rue de la Py / Porte de Bagnolet

Fabrication de « la ville sur la ville », ou la ville dans la ville, ou La ville dans l’édifice.

Rapports avec l’édifice existant : construire

-dans l’existant : imbrication, entrelacement, encastrement, interpénétration, partage

-à côté, devant l’existant : contiguïté, juxtaposition, mitoyenneté

-par-dessus / par-dessous l’existant : superstructure, mégastructure/ reprise en sous-œuvre

-créer un intervalle urbain entre l’existant et le nouvel édifice : place, parvis, jardin.

Dans cette acquisition de méthodes et d’outils conceptuels, la discipline historique est elle-même traversée de multiples thématiques contradictoires et complémentaires : la chronologie, le devenir, l’archéologie, les mutations, la généalogie, la micro-histoire et la longue durée, l’évolution des mentalités et celle des modes de vie, etc.

 

Nous allons travailler conjointement avec les enseignants associés sur les archétypes, les prototypes et les problématiques des éléments constitutifs de notre discipline : représentation, conception, fabrication, implantation.

Cela passera par des cours sur :

• la perspective et l’axonométrie, le plan et la coupe comme modes de pensée,

• le plan libre et la fluidité de l’espace : « promenade architecturale »

• les grandes portées structurelles, poutres habitées, mégastructures.

 

« Restaurer, c’est transformer !», Aurelio Galfetti, à propos de son travail de longue haleine sur le château Castelgrande de Bellinzona, Suisse, 1981-1991.

L’empreinte-trace liée à l’usure est un processus continu. Sa temporalité s’étend à la mémorisation du temps qui passe, une sédimentation lente et continue. Usus / Usure : conscience du temps qui passe dans le devenir du bâti. Accepter la déchéance de la matière, mieux l’anticiper et l’encadrer.

Mémoire du processus de conception / Empreinte / Matérialité / Processus constructif.

Empreinte provient du latin « impressio » signifiant l’action d’appuyer sur. Il s’agit d’un processus impliquant une marque ou trace de quelque chose sur quelque chose d’autre. Processus d’objet actif et de support passif. L’empreinte affirme bien une dimension tactile, un contact perdu. C’est une présence matérielle, mémoire d’un geste à un instant «T».

 

PHASE 4 : L’ÉCOLE D’ARCHITECTURE DANS SON QUARTIER, ENTRE MITOYENS, AVEC LA HALLE RATP.

Puis le programme fonctionnel, dans sa complexité, est abordé, le site est visité et introduit dans la problématique, avec ses données topographiques, sa matérialité et sa richesse urbaine: la ville rentre alors dans l’édifice, avec son devenir et ses multiples couches de sens… C’est ainsi que l’histoire et la géographie du lieu sont des acteurs que l’étudiant doit identifier.

Par ailleurs, tout au long de cet exercice, une question se pose, à ses différentes échelles d’approche et de résolution : « qu’est-ce qu’une école d’architecture idéale, dans sa capaci¬¬¬¬té à honorer ses usages et à rayonner sur la ville ? ». La dimension monumentale de cette institution urbaine est assumée, ainsi que sa présence lisible dans la ville. Une étape du travail porte sur la distinction entre ce qui, dans le programme, est singulier (salle de conférence, cafétéria, lieux d’exposition, bibliothèque etc..) et ce qui est pluriel (ateliers de projet, salles de cours bureaux, etc..). Il y a réflexion sur l’élément unitaire constitutif qui en est le plus méconnu et mystérieux : l’atelier idéal de conception et fabrication du projet. Le dispositif spatial final correspond à une stratégie de position entre le singulier et le pluriel.

 

La méthode de travail:

Correction - hebdomadaire - individuelle ou collective suivant l’étape du projet.

S’assurer de l’assimilation des savoirs. Enrichir la recherche par des analyses, individuelles, d’exemples remarquables relatifs à la thématique du semestre.

Interactivité forte : Les séances hebdomadaires demeurent le lieu privilégié de l’expression, du commentaire et des débats.

Présence obligatoire chaque séance et pendant toute la durée de celle-ci. Travail en binôme ou en groupe pour l'analyse et le relevé de l'existant.

 

Les relations avec les autres disciplines:

La construction, l'histoire, la représentation: le dessin à la main, et l'outil informatique, sont intégrés à la pédagogie .

Bibliographie

BIBLIOGRAPHIE

 

• AMALDI Paolo, Architecture, Profondeur, Mouvement (AMP), éd. Infolio, Gollion, 2011

• COLLINS Peter, L’architecture moderne, principes et mutations (1750-1950), éd. Parenthèses, Marseille, 2009.

• COLQUHOUN Alan, -Recueil d’essais critiques, architecture moderne et changement historique, Pierre Mardaga éd, Bruxelles, 1985,

-L’architecture moderne, éd. inFolio, Gollion, 2006.

• CHUPIN Jean-Pierre et SIMONNET Cyrille (sous la direction de), Le projet tectonique (intro. de K. Frampton), éd. Infolio, Gollion, 2005.

• CROSET Pierre-Alain, « L’architecture comme modification », programme de la chaire du Prof. Luigi Snozzi, EPFL-DA, 1990

• FRAMPTON Kenneth, -« Pour un régionalisme critique », in L'architecture moderne, une histoire critique , Paris, Philippe Sers, 1985

-Studies in tectonic culture, MIT Press, Cambridge (Ma), 1995

• HERTZBERGER Herman, Leçons d’architecture, éd. inFolio, Gollion, 2010

• LUCAN Jacques, -Composition, non-composition. Architecture et théories, XIXè-XXè siècles, PPUR, Lausanne, 2009,

-« Hypothèse pour une spatialité texturée », in Matières, n°9, 2008, PPUR, 2008.

• Von MEISS Pierre, De la forme au lieu + de la tectonique, une introduction à l’étude de l’architecture, PPUR, Lausanne, 1986-2012.

• MESTELAN Patrick, L’ordre et la règle, PPUR, Lausanne, 2005.

• LUSSAULT Michel, L'homme spatial, Paris, Editions du seuil, 2007

• SNOZZI Luigi et MERLINI Fabio, L’architecture inefficiente, éd. Cosa Mentale, Marseille, 2016

• STEINMANN Martin, Forme forte, Écrits 1972-2002, éd. Birkhäuser, Bâle, 2003.

Informations supplémentaires

PHOTOS DU SITE, Rues Belgrand / de la Py - Porte de Bagnolet, Paris 20è :