Travailler avec l’existant, c’est travailler avec le contexte, que cela soit celui de l’édifice, de la ville, ou du paysage. Un bâtiment est toujours construit pour une fonction précise : habitat, industrie, équipement, et s’adapte au site dans lequel il prend place. L’évolution historique des usages ou des contextes, est parfois plus rapide que l’usure des murs. De nombreux édifices trouvent une nouvelle destination : des châteaux sont transformés en bureaux, des gares en musées, des usines en lofts… Tout projet architectural est une modification de l’état existant du monde, et demande une attention particulière aux traces laissées par le temps.
La réutilisation de structures anciennes pour de nouvelles fonctions, la mixité des programmes, l’adaptation des matériaux anciens nécessitent bien souvent de faire appel à des solutions innovantes pour répondre aux contraintes actuelles : si l’innovation consiste à rompre avec les habitudes et à créer de nouvelles solutions, la complexité des situations contemporaines engage notre capacité d’imagination plus encore que par le passé, et devient un enjeu majeur du XXIème siècle… Ces thèmes sont fort différents des thèmes du début du XXème siècle liés à l’expansion et à la production, et doivent être envisagés avec la conscience que le patrimoine existant peut être utilisé comme un véritable matériau du projet d’architecture.
TRANSVERSALITE :
L’observation de la réalité fondatrice du projet n’est pas une observation neutre et objective : elle est guidée par une intentionnalité subjective et par un désir d’invention architecturale. Il s’agit de décrypter par une observation minutieuse une situation, un édifice précis, de l’éprouver physiquement, le mesurer, d’en repérer les usages, d’en révéler les qualités... Il s’agira de déceler in vivo, la racine et la puissance d’un espace délaissé à participer à la vitalité renouvelée d’un territoire. Il s’agira in vitro d’élargir une culture, d’une certaine manière encyclopédique au sens où elle s’intéressera aux multiples champs disciplinaires transversaux qui traversent l’architecture. Ils sont nombreux : artistiques, anthropologiques, historiques, littéraires, cinématographiques, scientifiques, techniques, etc.… Dans cette perspective, l’enseignement du projet sera conduit dans un souci de transdisciplinarité en convoquant toutes les connaissances nécessaires au projet architectural : Histoire (SHS), Dessin à la main (ATR-Art Plastique), Infographie (ATR-Numérique), Structure et Enveloppes (STA-Construction).
Le lieu:
Le site choisi se développe sur une vaste emprise d’un hectare environ, utilisée par la RATP comme ateliers d’entretien du métro parisien, dont l’entrée est située à l’angle de la rue de Belgrand et la rue de la Py. La parcelle est actuellement constituée de deux grandes halles industrielles, témoignages de l’ère industrielle de la fin du 19e_début du 20e siècle. La problématique du projet est la transformation et l’amélioration de ce site, pour répondre à de nouveaux besoins dans la ville. Il ne s’agit pas ici de se confronter à un « monument historique », mais de s’intéresser à un site occupé très dense, à sa structure constructive et spatiale, avec des choix à faire sur les parties à conserver ou à démolir, et de se confronter à la mitoyenneté. L’identification du lieu prendra en compte le « déjà là » : à l’échelle territoriale et locale, mais constituera également une projection dans l’avenir. L’interaction entre les intentions spatiales engendrées depuis l’intérieur, et la réflexion urbaine doit amener l’étudiant à définir sa propre méthode de travail. L’analyse de l’existant est avant tout une découverte, un regard, mais aussi une interprétation : c’est déjà un projet en soi, une exploration sur la capacité d’un lieu à produire un espace.
L’objet :
Aujourd’hui, l’augmentation constante des effectifs dans les Conservatoires Parisiens, la difficulté d’y accéder, et la volonté d’ouvrir la fréquentation du conservatoire à un plus large éventail de populations, entraine la nécessité de la création de lieux socio-culturels dans la ville à l’image des « friches culturelles », pour se réunir, se former, se cultiver, travailler, exposer, écouter des concerts, voir des spectacles, ou se détendre, à l’usage des jeunes, mais également de toutes les générations de la population voisine. Pour répondre à cette demande, l’objet de l’étude associera donc un programme d’Ecole de musique et de danse lié à la création d’un espace extérieur public, un espace vert en prolongement des espaces intérieurs, pour apporter une respiration dans la ville.
Le conservatoire de danse :
Rechercher cet étranger intime : de la salle de danse « idéale », où le corps est l’échelle de toute spatialité enveloppante, vers l’édifice dans son ensemble, il s’agira de créer à partir de l’expérience individuelle de la perception sensible d’un espace architectural. En composant l’espace autour de soi, on s’attachera à chaque instant à analyser la prise de conscience de ses propres perceptions, au repos ou en mouvement, et à écrire la chorégraphie des déplacements et des parcours.
Le conservatoire de musique :
L’écriture musicale partage de nombreux élément lexicaux avec le projet : composition / structure/ mesure/ intervalle/silence / pause/ soupir/ mélodie / harmonie / rythme/ binaire / ternaire/noire / blanche/ intervalle/ polyphonie/tonalité/majeur / mineur/thème / modulation / improvisation/contre-point /canon/tierce /quinte /octave/ballade... La mesure de chaque espace sera rythmée par la structure constructive et spatiale.