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  • DE6 Transformation, temporalités de l’existant et des patrimoines
  • PFE

AL SAAD Elissa

Beyrouth au cœur du vide - Le patrimoine, outil de reconquête de l'espace public

2020

Beyrouth, Liban

Directeur(s) d'étude(s) : Alessandro MOSCA

Le centre-ville de Beyrouth conjugue les récits successifs de civilisations multiples et porte les traces d'un enchevêtrement de culture. Ce lieu emblématique devient, dès le début du 20ème siècle, le théâtre de l'expression identitaire de la ville.

Lieu de vie et de sociabilisation, la Place des Martyrs porte les dynamiques économiques du pays. Sa mutation constante en fait le lieu symptomatique de chacune des périodes historiques. La cristallisation des affrontements de la guerre civile (1975 - 1990) témoigne des enjeux géo-stratégiques qu'il porte.

La reconstruction du centre-ville proposée par la société Solidere interroge la notion du patrimoine de la ville. Face aux intentions de réécriture urbaine, une mobilisation intellectuelle se constitue et conduit, pour la première fois, à la reconnaissance de l'existence d'un patrimoine urbain. Ce concept, instrumentalisé entre les différents acteurs de la rénovation, abrite un enjeu politique. Le débat entre modernisation et préservation convoque l'argumentaire de la mémoire de la ville.

Quelles traces faut-il considérer comme marqueur historique ? Le différend distingue un clivage entre un patrimoine du bâti (des façades, des volumétries, des styles et des élévations) et un patrimoine du tissu (des usages, des pratiques, des symboles et des cheminements). Si l'on contextualise cet échange à l'exemple de la Place des Martyrs, alors émerge une interrogation quand à sa nature : l'espace public est-il, d'abord, une forme, résultante de l'architecture ou existe t-il du fait de l'action humaine ? La réponse à cette question invite peut-être à établir une hiérarchisation entre patrimoine architectural et patrimoine social.