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  • DE1 Alto - Architecture-Laboratoire des Territoires Ouverts
  • PFE

Achard de Leluardière Cécile

L’exception dessine la grille : la topographie relevée

2019

Sibundoy, Colombie

Directeur(s) d'étude(s) : Cyrille FAIVRE-AUBLIN

Comment le projet pourrait-il rattacher la typo-morphologie* du village colonial rural imperméable aux spécificités du lieu à l'échelle paysagère de Sibundoy ?

Sibundoy est un village colonial empreint de la grille orthogonale avec comme decumanus l'actuel A10 reliant les deux capitales départementales entre-elles.Travailler avec cette morphologie urbaine nécessite de prendre position sur la manière de composer avec cette logique d'expansion en nappe quadrillant le territoire. Si l'édifice s'aligne à la coordonnée préexistante des rues, il participerait à son homogénéisation et unité mais ne pourrait pas révéler les spécificités du sol. Tandis qu'en s'émancipant de cette stratégie d'expansion pour s'aligner parallèlement aux courbes de niveau, le bâtiment créerait un nouveau rapport au territoire, plus paysager et symbiotique.

La première décision fut ainsi de renforcer cette grille par l'exception. En effet, l'implantation du bâtiment en décalage et orienté selon la pente du dénivelé contraste avec la grille fonctionnelle, la révélant par conséquent aux habitants. Daguerréotype* de la parcelle dont il est la sentinelle, l'architecture donne présence à la topographie, rend accessible le ruisseau aux habitants, et protège des vues sur le paysage lointain des montagnes et de la vallée.

Secondairement, le projet doit tenir compte de la manière dont il s'installe dans la dernière frange de construction planifiée du village. Cette frontière épaisse, loin d'une ligne séparatrice, est à comprendre comme la profondeur de la parcelle entre les deux dernières routes parallèles qui la bordent. Ainsi le projet est une articulation entre l'espace construit et l'espace laissé au naturel. La présence construite doit suffire à contenir une hypothétique expansion du réseau à la montagne protégée.

Et pour cela le centre culturel densifie le fond de ville pour clore le tableau et délimiter une terminaison.

Ces intentions urbaines et paysagères de grande échelle s'accompagnent de réflexions sur l'apport d'usages nouveaux pour les villageois. Pour provoquer l'envie de s'approprier l'espace public créé, le jardin botanique devant le centre culturel revêt un caractère informel et organique complétant l'aspect très institutionnel du parc Principal de Sibundoy. Les logements bordant à l'Est la parcelle suivent l'ordonnée du parcellaire et renforcent la présence et l'essence même du jardin*. 

Enfin, l'échelle domestique du projet respecte la typologie des logements alentours et préserve la simplicité du village, s'y intégrant avec subtilité. Les logements créés se positionnent sur le gabarit moyen et le centre culturel sur la hauteur de l'église, actuel point dominant de la ville.

* La typo-morphologie est une méthode d'analyse apparue dans l'école d'architecture italienne des années 60 (S. Muratori, A. Rossi, C. Aymonino, G. Caniggia). Il s'agit d'une combinaison entre l'étude de la morphologie urbaine et celle de la typologie architecturale, à la jonction des deux disciplines que sont l'architecture et l'urbanisme.

* Le daguerréotype est un procédé photographique qui révèle le cliché par un procédé uniquement positif ne permettant aucune reproduction de l'image.

* le jardin est issu du grec ancien khórtos " enceinte, lieu entouré ".